Ligue 1 et Ligue 2 : Les dettes des clubs sont-elles une fatalité ?

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 Invité vendredi d’une émission sportive de la radio nationale Chaine II, le président de la fédération algérienne de football, Kheiredine Zetchi est revenu sur plusieurs sujets d’actualité ayant trait à la discipline.

De l’équipe nationale aux centres de formation en passant par la réunion FAF-LNF-Clubs professionnels, Zetchi a défendu son bilan à la tête de la Fédération. Comme il fallait s’y attendre, il s’est attardé sur la dernière réunion avec les présidents de clubs de la Ligue 1 et de la Ligue 2, se réjouissant « du bon niveau des débats qui ont animé cette rencontre ». Ce qu’il a omis de dire, en revanche, est que de nombreux présidents de clubs n’ont pas jugé bon d’assister à ce conclave. Un boycott à peine déguisé, mais comme on dit « les absents ont toujours tort ». Il faut dire aussi que les interventions des présents ont été rares durant cette rencontre. Ils se sont contentés d’écouter les recommandations du président de la FAF, ou abonder dans le même sens, comme c’est souvent le cas dans ce genre de réunions. Zetchi a insisté sur l’endettement des clubs qu’il a qualifie de « cancer du football ». « Il faut stopper l’hémorragie et maîtriser la masse salariale. La dernière circulaire de la FIFA est claire, elle expose les clubs endettés à de lourdes sanctions, à savoir l’interdiction de transfert, la défalcation de points et la rétrogradation en division inférieure », a-t-il rappelé. Vendredi sur les ondes de la radio, il a révélé aussi que  15 joueurs de la Ligue 1 Mobilis perçoivent plus de 300 millions de centimes par mois, sans toutefois les citer. Il faut dire que tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne. Certains sont mieux lotis que d’autres, grâce notamment au soutien des pouvoirs publics à travers le financement d’entreprises nationales comme la Sonatrach pour ne citer que celle-là. Cette  politique du deux poids deux mesures a biaisé le jeu au départ provoquant une surenchère sur le marché des transferts, les clubs les moins nantis n’hésitant pas à s’endetter gravement pour pouvoir rivaliser un tant soit peu, ou du moins ne pas connaître les affres de la relégation. Peu importe les conséquences pour eux. Il n’est pas facile pour la FAF ou la Ligue de gérer une situation pareille où les injustices sont flagrantes. Le problème n’est pas plus dans les salaires « faramineux » des joueurs que dans la politique générale sportive de l’Etat. Il y a trop d’ingérence dans le football, ce qui crée une addiction aux subventions chez les dirigeants. Les clubs ont du mal à s’émanciper et à voler de leurs propres ailes, car la présence des pouvoirs publics est pesante. Certes, la conjoncture économique difficile du pays ne permet pas aux clubs professionnels de s’autofinancer, mais le fait qu’ils soient constamment sous la tutelle et dépendent dans une large mesure de l’Etat, directement ou indirectement,  les empêchent d’aller chercher d’autres sources de financement. Il faut dire aussi que tout le monde trouve son compte dans cette situation. Les clubs savent pertinemment que leurs dettes seront payées d’une manière ou d’une autre. Les pouvoirs publics, de leur côté, exercent une pression sur ces mêmes clubs, pour les maintenir en laisse, au nom de la sacro-sainte paix sociale. Tant que cette logique est de mise, il n’y aura rien de nouveau sous le soleil. Le reste n’est que palabres et ergotages servant à alimenter les manchettes des journaux et autres plateaux de télévision.

Ali Nezlioui