Face aux retards accusés dans la réalisation des projets de l’habitat – Temmar hausse le ton et promet de lourdes sanctions

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 Face au  retard accusé  dans la réalisation des projets et la mauvaise qualité des logements livrés, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar a promis que de lourdes sanctions allant jusqu’à la résiliation des contrats et la poursuite judiciaire seront infligées à l’encontre des entreprises défaillantes.

Temmar a indiqué que son département étudiait soigneusement les rapports sur la qualité des logements en vue de prendre des décisions et de sanctionner les entreprises défaillantes. Le ministère de l’Habitat avait ouvert une enquête sur la qualité des logements réalisés après avoir reçu des plaintes de la part de quelques bénéficiaires au niveau des différentes régions du pays, concernant les manquements en termes de réalisation. « Il ne faut pas amplifier cette situation, ni la généraliser au reste des projets », a-t-il dit En réponse à une question sur la protestation des souscripteurs AADL en raison de la qualité des logements, M. Temmar a rassuré qu' »ils ont le droit d’exprimer leurs préoccupations de manière civilisée », soulignant que les problèmes seront réglés « en toute transparence ». « La protestation est tout à fait normale mais doit être raisonnable », a déclaré le ministre, mettant en avant « le travail fourni par le secteur afin de prendre en charge les préoccupations des souscripteurs et des bénéficiaires ». Les solutions et les moyens financiers sont disponibles pour le règlement de tous ces problèmes, a-t-il rassuré. Le ministre a instruit les responsables des chantiers de l’impératif de respecter la qualité de la réalisation et l’aspect esthétique de l’aménagement extérieur ainsi que la réalisation des structures publiques à l’image des écoles, des structures sanitaires et des espaces verts. Le ministre a fixé le 15 septembre prochain dernier délais pour lancer le reste des projets programmés (LPP) dans la wilaya d’Alger qui a bénéficié d’un quota de 26.200 logements LPP, dont 21.695 logements ayant été lancés et 15.754 en cours de réalisation, outre 5941 unités réceptionnées et 4505 en attente. Le ministre qui n’a pas manqué de mettre l’accent sur la nécessité du respect des délais contractuels, a instruit les entrepreneurs et les entreprises accusant un retard dans la réalisation à redoubler d’effort et à augmenter la cadence des travaux dans les plus brefs délais sous peine de résiliation de leurs contrats. Le message adressé aux entreprises retardataires dans la réalisation des logements est clair et ferme, a soutenu M. Temmar, ajoutant que les retardataires ont une dernière chance pour réagir, faute de quoi il sera procédé à la résiliation des contrats. En l’état actuel des choses, des entreprises de réalisation s’acheminent vers la résiliation de contrat, a averti le ministre, soulignant que dorénavant, le suivi des projets se fera par une intensification de sorties sur le terrain dans les différentes wilayas et la mobilisation d’équipes de contrôle. Soulignant la nécessité de changer l’approche de l’urbanisme, il a affirmé que les projets doivent être livrés avec les aménagements et structures publiques dans le cadre de plans intégrés. Selon les chiffres présentés par le ministre, le nombre des logements AADL accusant un retard de réalisation à travers 20 wilayas s’élève à 38.450 unités dont 24.851 logements en cours de réalisation par des entreprises étrangères et 13.600 unités confiées à des entreprises algériennes. Il faut dire que depuis son arrivée à la tête du secteur de l’habitat, Abdelwahid Temmar semble déterminé à booster les projets lancés dans ce secteur et qui s’inscrivent dans le cadre du programme quinquennal du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. A cet effet, le département ministériel de M. Temmar a entamé la préparation d’une feuille de route en ouvrant huit ateliers de réflexion portant sur plusieurs aspects, législatif notamment, avec la possibilité de réviser la loi sur l’urbanisme, le financement, le contrôle, la formation et autres afin d’accélérer la réalisation de programme d’habitat tracé. Pour lui, la feuille de route que prépare son ministère englobe plusieurs volets, dont le volet urbanisme, avec la participation de tous les acteurs de secteur de l’habitat. Ainsi, huit ateliers sont lancés par le département de l’habitat dont le premier a porté sur l’urbanisme. Cette réunion a regroupé les représentants du Conseil national de l’ordre des architectes qui compte près de 8.000 adhérents, le syndicat national des ingénieurs en génie-civil et bâtiment (5000 adhérents) et le conseil d’ordre des géomètres (650 adhérents). Deux autres rencontres se tiendront prochainement avec les producteurs locaux de matériaux de construction et les promoteurs immobiliers, lesquels auront un rôle important à jouer en matière d’urbanisme et de construction. A cette occasion, le ministre a souligné dans une allocution qu’il y a une crise économique, d’où la nécessité de trouver des solutions, notamment en matière de financement. « Malgré la situation économique difficile, il faut trouver des solutions pour le financement direct du logement par l’Etat à 100% »,  a-t-il insisté. Appelé à donner plus d’explications sur le sujet, M. Temmar a indiqué qu’il « faut aller vers le partenariat public-privé en matière de financement pour la réalisation des projets ». Le ministre a également parlé de l’aspect relatif à la gestion des projets car, selon lui, « il faut penser à gérer l’habitat après l’avoir produit », soulignant l’importance de l’environnement urbanistique dans lequel est construit le logement en plus de « l’implication » de citoyen. Le département de l’habitat a ouvert aussi un atelier sur le traitement électronique en consacrant la culture de traitement des dossiers à distance. Ce qui permettra, selon le ministre, au citoyen de suivre l’état d’avancement de son dossier de logement et connaître les droits et les obligations à distance, l’assainissement des dossiers et les agréments des promoteurs par voie électronique. En 2017, dira-t-il, « il faut changer notre vision et traiter avec l’administration d’une manière civique », précisant que l’opération de réflexion autour du permis de construction électronique doit être maitrisée dans son aspect juridique en coordination avec le ministre de Intérieur et des collectivités locales.  Cependant, le ministre a fait remarquer que la réflexion et la concertation avec les différents partenaires de son département ne doit pas se faire au détriment du temps. Les concepteurs auront d’ailleurs dix jours pour soumettre leurs propositions et réflexions tout en adoptant un classement des priorités. Concernant l’urbanisme, l’atelier sera dédié portant sur cinq sujets. Il s’agit d’étudier toutes les lois actuelles et s’il y a une nécessité de révision ou d’adaptation « personne ne peut nous empêcher de réviser la loi sur l’urbanisme, promulgué depuis 27 ans », dit-il. Il est prévu que le secteur organise aussi un atelier sur l’opération de réhabilitation des villes et des quartiers par le biais de l’Agence nationale de réhabilitation. Cet atelier sera présidé par le directeur de l’Urbanisme, a expliqué le ministre qui a affirmé « qu’il est temps que l’Agence nationale de réhabilitation revient à ses missions et que le diagnostic soit fait par les experts, et ce, même en dehors du ministère de l’Habitat ». En outre, le ministre a évoqué le dossier du vieux bâtis signalant le manque de suivi de l’application du décret relatif à ce genre de construction ajoutant que deux ans après la promulgation du décret 15-19, il est temps de s’interroger si ce « dernier est toujours adéquat notamment avec l’intégration du permis de construction électronique ». « Rien n’empêche sa révision face aux actuelles exigences « , a t-il affirmé. Parmi les ateliers, le ministre a cité aussi celui relatif au contrôle, déplorant l’absence d’un plan pratique, alors que 14 wilayas enregistraient un manque dans les inspections d’urbanisme et même pour les grandes villes qui comptent plusieurs inspecteurs, à l’instar d’Oran (3 inspecteurs) et d’Alger (5 inspecteurs), il est impossible d’assurer un contrôle total. « Il y a une anarchie dans l’urbanisme, il faut établir un diagnostic vu l’importance du contrôle et l’usage de la technologie dans celle-ci », a-t-il ajouté.

T.Benslimane