Suite aux instructions données par le chef de l’Etat –  Le gouvernement en état d’alerte contre le choléra

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Le gouvernement se trouve en état d’alerte pour lutter contre le choléra et ce, conformément aux instructions données en ce sens par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui avait ordonné à l’Exécutif de prendre toutes les mesures nécessaires afin de juguler la propagation de l’épidémie et assurer une meilleure prise en charge des malades hospitalisés. Et pour cause, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a tenu hier une réunion d’urgence avec tous les secteurs concernés au cours de laquelle le ministre de la Santé, Mokhtar Hasballaoui, a présenté un rapport détaillé sur l’apparition de l’épidémie, ses causes et les dispositions à prendre pour faire face à cette situation. Le ministère de la Santé avait indiqué que les cas de choléra enregistrés dans quatre wilayas du pays étaient des cas « isolés et limités à des familles », soutenant que la situation était « maîtrisée ». Le choléra est une infection contagieuse grave qui entraîne la mort, suite à des diarrhées aigües causées par le bacille Vibrio cholerae, qui se propage en l’absence d’hygiène ou suite à la consommation d’eau ou de fruits et légumes contaminés. Le bacille qui vit entre un et sept jours, cause des diarrhées aigües entrainant une forte déshydratation du corps et autres complications au niveau du cœur, des poumons et des reins. A cet effet, le ministère a tenu à rassurer que la situation « n’est pas inquiétante et ne nécessite pas l’instauration d’un état d’urgence », appelant les citoyens au respect des règles d’hygiène, à savoir « bien se laver les mains, rincer les fruits et les légumes avant leur consommation et s’abstenir de rendre visite aux malades atteints de choléra dans les hôpitaux ». Pour sa part, le directeur général de l’Institut Pasteur, Dr. Zoubir Harrath, a affirmé que les analyses bactériologiques effectuées par l’Institut sur des échantillons prélevés de personnes atteintes ont confirmé que l’épidémie du choléra s’est propagée en raison du non-respect des règles d’hygiène concernant la consommation de certains aliments, excluant une contamination liée à la consommation d’eau. Les analyses en cours au niveau de l’Institut Pasteur sur les aliments consommés par les familles atteintes de choléra « révèleront prochainement les causes réelles de cette épidémie », a-t-il ajouté. Le Dr. Youcef Tarfani, sous-directeur au ministère de la santé, a exposé les différents cas enregistrés au niveau des quatre wilayas, précisant que 6 cas ont été recensés à Ain Bessam (Bouira) dont trois confirmés, 50 cas à Blida dont 22 confirmés, 18 à Tipaza dont 11 confirmés et 14 cas à Alger dont 5 confirmés. Le directeur de la santé de la wilaya d’Alger, Dr. Mohamed Miraoui, a révélé que 10 cas sur 14 admis à l’hôpital El Kettar ont quitté ce dernier, tandis que les quatre autres quitteront l’hôpital. Le directeur de la santé de la wilaya de Blida, Ahmed Djemai, a annoncé que 12 cas sur 74 ont quitté l’hôpital de Boufarik, ajoutant que l’état de santé des autres malades « s’améliore progressivement » et ils devront quitter l’hôpital dans les prochains jours. Par ailleurs, Dr. Kamel Ait Oubli de l’Institut national de Santé publique (INSP), a mis l’accent sur l’importance du respect des mesures préventives préconisées par le ministère de la Santé tout au long de l’année, notamment avant la saison estivale, à savoir « bien se laver les mains avec de l’eau et du savon, garder les aliments cuits loin des aliments crus et les conserver à une température adéquate, tout en contrôlant leur date de péremption, veiller à organiser et à garder les puits fermés et ne pas jeter les ordures à proximité de ces derniers, boire une eau contrôlée ou veiller à la faire bouillir en ajoutant quelques gouttes de javel en cas de stockage. » L’eau du robinet, qui a soulevé les craintes de certains citoyens, redoutant une contamination de cette eau par un vibrion cholérique, est parfaitement potable est ne présente aucun risque pour la santé, a rassuré le Directeur général de l’Algérienne des Eaux (ADE) Ismaïl Amirouche. Cependant, depuis la confirmation de ces cas de choléra, de nombreux citoyens se sont orientés vers l’eau minérale par peur d’être contaminés et ce en dépit des assurances du ministère. Sur les réseaux sociaux, des appels ont été relayés pour baisser le prix de la bouteille d’eau minérale d’un litre et demi à dix dinars afin de permettre aux plus démunis de pouvoir se la procurer. « L’eau du robinet, que ce soit au niveau des forages, stations de dessalement ou stations de traitement est soumise quotidiennement à tous les analyses et contrôles exigés par la loi, selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé », soutient M. Amirouche en rappelant que l’ADE disposait de 90 stations de traitement à l’échelle nationale dont chacune dispose d’un « laboratoire de process » qui supervise les étapes de traitement. « L’eau n’est injectée dans le réseau de distribution que si elle répond à toutes les normes universelles de potabilité », a-t-il encore assuré. Pour contrôler la qualité de l’eau potable, l’ADE dispose de 150 laboratoires à travers le pays (y compris les 90 laboratoires de process). Mais en cas de doutes sur la qualité de l’eau, le dispositif prévoit l’arrêt de la distribution et les prélèvements quotidiens sont alors multipliés par deux ou trois dans les zones suspectées. Dans ce cas, l’Agence fait appel à son laboratoire central de la qualité pour approfondir les analyses. La quantité journalière de 9 millions de mètres cubes d’eau distribuée au niveau national a été consommée en l’espace de 6 heures le 1er jour de l’Aïd, ce qui a provoqué une baisse rapide des niveaux des réservoirs.

T.Benslimane