L’organisme de consulting britannique l’OBG revient dans sa publication mensuelle de ce mois d’août sur les grands défis dont fait face la ville d’Alger, une des plus importante villes du pourtour méditerranéen, soulignant que l’Algérie progresse dans la mise en œuvre de l’initiative de ville intelligente Alger Smart City et des responsables des pouvoirs publics s’entretiennent actuellement avec des représentants des secteurs des Technologies, des médias et des Télécommunications afin de réfléchir aux différentes manières de renforcer la digitalisation et de développer l’entreprenariat. Le sommet inaugural Smart Cities Global Technology & Investment 2018, qui s’est tenu les 27 et 28 juin à Alger, a rassemblé plus de 4000 acteurs locaux et internationaux, avec pour objectif l’élaboration de solutions permettant de développer des villes intelligentes efficaces en intégrant les technologies et données numériques afin de mieux gérer les ressources urbaines dans des secteurs tels que la circulation et le transport, l’énergie et la gestion de l’eau et des déchets. Le sommet était axé sur deux grands thèmes: « Écosystèmes des Start-up et de l’Innovation», qui traitait du développement d’idées d’entreprises technologiques et de la création d’entreprises viables par le biais de l’accélération, de l’incubation et du financement, et «Modèles de la diaspora- Mobilisation des Talents», qui portait sur l’amélioration des méthodes d’apprentissage pour parvenir à une meilleure utilisation des nouvelles technologies, tout en mettant à profit la diaspora algérienne afin d’établir des relations plus solides avec les pays développés. Une compétition de start-up a également été organisée dans le cadre du premier thème. En tout, 20 entreprises ont été sélectionnées pour présenter leurs idées à des investisseurs potentiels. Les vainqueurs, qui recevront des financements, sont la start-up algérienne Ursinia Tech, spécialisée dans l’Internet des objets, le cloud computing, le big data et l’intelligence artificielle (IA), Quizzito, un site web éducatif qui promeut l’apprentissage de la lecture, et la plateforme web FreeHali, dédiée aux services des freelance. Le caractère international de la conférence a également donné l’occasion aux investisseurs potentiels de se pencher sur les projets de l’Etat algérien en ce qui concerne le développement des TIC. Des représentants de la compagnie de TIC chinoise Huawei ont confirmé que le groupe était en pourparlers avec le gouvernement algérien quant à une possible collaboration dans les secteurs de la Technologie 5G, des centres de données, de l’IA et des systèmes de gestion des réseaux Wifi.
Davantage d’entreprenariat et une amélioration des technologies comme facteurs clés du développement
Soucieuse de mener à bien le projet d’Alger Smart City et de continuer d’attirer des investissements internationaux, l’Algérie s’est attachée à offrir des opportunités de développement du potentiel entrepreneurial dans le domaine des technologies et à moderniser les infrastructures TIC du pays. Au mois d’avril, les responsables du projet de ville intelligente ont lancé deux initiatives déterminantes : le Laboratoire Expérimental et le Hub d’Innovation Technologique. Le laboratoire permettra aux entreprises algériennes et internationales de tester des solutions de ville intelligente dans un environnement réel, et ce, dans des domaines variés tels que les télécommunications et les technologies de la santé et de la finance, tandis que le hub d’innovation mettra à disposition des différents acteurs du secteur technologique un lieu physique où ils pourront interagir et développer des partenariats, offrant par exemple le bénéfice du mentorat à des entreprises algériennes, tout en permettant aux acteurs internationaux de mieux comprendre les conditions locales avant de décider de pénétrer le marché. Des responsables du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont déclaré dans les médias algériens qu’Alger allait bientôt abriter sept incubateurs, espaces de collaboration et de développement des entrepreneurs du numérique. Ces efforts sont étayés par une politique visant à l’amélioration de l’infrastructure TIC de base dans le pays ; l’année dernière, l’Algérie a lancé son premier satellite de télécommunications et a démarré la construction de câbles sous-marins haut débit. Malgré ces avancées, de nombreux progrès restent encore à faire. Dans son rapport sur l’Indice de la Compétitivité Mondiale 2017-2018, le Forum économique mondial a classé l’Algérie 98e sur les 137 pays étudiés dans la catégorie de la maturité technologique. L’environnement des affaires et l’accès au crédit, des défis pour les projets de ville intelligente Si le gouvernement s’attèle à la création d’un environnement plus favorable à l’entreprenariat digital et à l’innovation, il faudra encore relever de nombreux défis avant de pouvoir concrétiser le projet de ville intelligente à Alger. L’environnement général des affaires constitue un facteur crucial : l’édition 2018 du rapport «Doing Business» de la Banque mondiale classait en effet, l’Algérie à la 166e place sur 190 pays, 145e dans l’indicateur création d’une entreprise et 170e pour ce qui est de la protection des investisseurs minoritaires. Les difficultés identifiées par la Banque mondiale dans les domaines administratif, opérationnel et commercial constituent un obstacle considérable pour l’Algérie, qui peine à attirer des investissements et des talents internationaux vers le pays, entraînant également des retards dans la réalisation de grands projets ces dernières années, notamment du projet Alger Smart City. Alors que la date de lancement de ce dernier était initialement prévue pour avril 2018, on envisage désormais un lancement partiel au premier trimestre de l’année prochaine, pour une livraison complète en 2021. L’accès au crédit représente une autre entrave à l’amélioration des technologies et au développement de solutions de villes intelligentes. Le pays se classe en 177e position sur 190 économies étudiées dans la catégorie, obtention de prêt, de l’indice de la facilité de faire des affaires, ce qui constitue un problème sur le long terme pour les petites entreprises en particulier. Les pouvoirs publics cherchent de plus en plus à encourager les partenariats mutuellement avantageux entre les grandes entreprises et les start-up, y voyant un moyen de faciliter l’accès au capital, et si le financement par des investisseurs providentiels et par le biais du capital risque est plus fréquent aujourd’hui, il y a tout lieu de penser que le développement continuera de reposer sur des financements traditionnels publics et privés pendant encore quelque temps.