Le gouvernement semble avoir tranché le principe de revoir le système des subventions qui grève le trésor public, en ce qu’il profite surtout aux gros bras qui brassent des milliards de dinars. Deux ministres se sont exprimés hier simultanément sur la question qu’ils ont évidemment appuyé.
Le ministre des finances, Abderrahmane Raouya qui intervenait sur les ondes de la chaine III, a tranché dans le vif : «Il est clair que cela ne peut pas continuer comme ça pour une simple équité sociale. Il n’est pas normal qu’un simple citoyen ne puisse pas profiter, parfois, de la subvention par rapport à quelqu’un qui perçoit un salaire plus important», a-t-il déclaré. A l’appui, le ministre cite une étude de son département qui fait ressortir que seuls 7% des ménages parmi les bas revenus, profitent concrètement de certains produits subventionnés comme la farine, le sucre, l’huile et le blé. Les autres ménages qui disposent de revenus plus importants, eux, profitent à profusion de la générosité de l’Etat via ces subventions non ciblées. C’est pourquoi, soutient Raouya, une commission mixte composée des cadres de son département et des experts de la Banque Mondiale planche sur un nouveau système de subventions pour corriger ces imperfections. Et pour convaincre les citoyens, le ministre n’a pas exclut une campagne de communication et d’explication surtout que la levée des subventions va concerner au moins trois produits stratégie à savoir, les carburants, l’électricité et même l’eau. Raouya a précisé que ce système ne sera pas applicable avant 2019, soit après l’élection présidentielle sans doute compte tenu des implications sociales inévitables qu’elle induira. Son collègue de l’énergie, Mustapha Guitouni, a tenu pratiquement le même discours lors d’une conférence de presse qu’il a animé ce matin en son ministère. « Il n’est pas normal de maintenir ce système de subvention à tous les citoyens quelque soient leurs niveaux de revenus», a-t-il déclaré. Tout en rassurant que les subventions ne seront intégralement levées, Guitouni, a confirmé que les prix de l’électricité va subir une hausse du fait, d’après lui, qu’elle est nettement moins chère par rapport au reste du monde. Le dossier de la nouvelle tarification de l’électricité mais aussi des carburants «sera bouclé bien tôt», assure Guitouni, tout en promettant que les subventions de ces produits iront directement aux nécessiteux. Les deux ministres ne précisent cependant pas si la fameuse commission qui travaille avec les experts de la Banque Mondiale associe tous les ministères ou alors chacun se prépare en solo.
Moussa O