Le projet de loi organique relatif à l’Académie algérienne de la langue amazighe sera présenté ce mercredi pour débat devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Ce projet consacre le statut de Tamazight comme langue nationale et officielle, chargeant ainsi l’Etat de la noble mission de sa promotion et de son développement dans toutes ses variétés linguistiques. Rappelant que l’article 4 de la Constitution consacre le statut de Tamazight comme langue nationale et officielle, aux côtés de la langue arabe, le projet de loi organique relatif à l’Académie relève dans son exposé des motifs que l’Académie, placée auprès du Président de la République, a pour mission de réunir les conditions de la promotion de Tamazight, sur la base des travaux d’experts, en vue de concrétiser son statut de langue officielle. Dans ses dispositions générales, le projet de loi note que l’Académie est « une institution nationale à caractère scientifique, dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle constitue l’autorité de référence dans les domaines liés à la langue amazighe », alors que son siège est fixé à Alger. Ce projet de loi organique fixe les missions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de l’Académie algérienne de la langue amazigh. Au chapitre des missions, l’Académie aura à mener des recherches dans tous les domaines de la promotion de la langue amazighe à travers « la codification et la standardisation de la langue sur la base de l’ancrage social et de la dynamique culturelle dans toutes ses variétés par une approche convergente ». Ces missions seront réalisées avec l’aide de tous les partenaires concernés, notamment, les institutions nationales et les associations qui activent dans le domaine de la promotion et du développement de la langue amazighe, est-il relevé dans le projet de loi. Dans son article 6, le texte note que l’Académie a pour objet de réunir les conditions nécessaires de sa promotion et est chargée, notamment de recueillir le corpus national de la langue amazighe dans toutes ses variétés linguistiques, d’établir une normalisation de la langue amazighe à tous les niveaux de description et d’analyse linguistiques, d’établir des listes néologiques et des lexiques spécialisés en privilégiant la convergence. Elle a aussi pour mission d’entreprendre des travaux de recherche, participer au programme national de recherche dans son domaine de compétence, garantir la précision de interprétation et de la traduction de notions et concepts dans les domaines spécialisés, d’élaborer et d’éditer un dictionnaire référentiel, de la langue amazighe, de contribuer à la conservation du patrimoine immatériel amazigh notamment par sa numérisation et encourager toute recherche et traduction en langue amazighe visant à préserver le patrimoine lié à la mémoire nationale. En outre, la composante de cette institution, au profil exclusivement scientifique, garantit son statut d’autorité de référence en la matière conférant ainsi à ses travaux un caractère académique, neutre et impartial basé sur l’apport d’experts et des compétence scientifiques avérées. Par ailleurs, le projet de loi précise que l’Académie est composée de 50 membres au plus, dont le président, désignés et nommés par décret présidentiel. L’article 12 stipule que les membres de l’Académie sont choisis parmi les experts et compétences avérées dans les domaines des sciences du langage en rapport avec la langue amazighe et les sciences connexes. Ils doivent aussi jouir de la nationalité algérienne et justifier d’un niveau universitaire. Pour l’accomplissement de ses missions, l’Académie comprend quatre (4) organes, à savoir le conseil, le président, le bureau, les commissions spécialisées. Elle est également dotée d’un secrétariat administratif. Lors de la présentation de ce projet de loi, lundi dernier devant la commission de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des affaires religieuses de l’APN, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, avait souligné l’impératif de « center le débat sur le volet académique pour mettre ce texte de loi à l’abri de la surenchère politique », précisant que les questions relatives à la linguistique, à l’écriture et à la normalisation « relèvent des prérogatives de l’Académie qui les examinera dans leur cadre scientifique avec le concours de spécialistes et d’experts locaux et étrangers ». « Les efforts du président de la République pour la promotion de Tamazight sont louables et ne peuvent être remis en cause ont ce sens où ils ont atteint un point du non-retour », avait relevé le ministre. Pour sa part, le secrétaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad, avait indiqué récemment que l’officialisation de Tamazight a scellé définitivement son appropriation par le peuple algérien comme langue nationale et officielle et comme « ciment supplémentaire » de son unité nationale. Il s’agit, a-t-il dit, d’un « marqueur fondamental plaçant tamazight au cœur des avancées politiques de notre pays », avec l’amendement de la Constitution de 2016 élevant Tamazight au rang de langue nationale et officielle et la décision de créer l’Académie algérienne de la langue amazighe, placée auprès du président de la République. Il a relevé que le HCA, partie prenante dans le cadre du groupe de travail mis en place par le Premier ministre et chargé de l’élaboration de l’avant projet de la loi organique portant création de l’Académie algérienne de la langue Amazighe, entame l’année 2018 par un plan de charge accordant la part belle à la communication axée sur le primat de l’universitaire, le travail de terrain, la dimension nationale et le partenariat avec les institutions et la société civile. « Guidés par les arguments relevant du contexte de l’officialisation constitutionnelle de tamazight et du capital unique accumulé depuis plus de deux décennies, le HCA adopte une nouvelle feuille de route qui se décline par des mesures d’adaptation pour une collaboration, dans la complémentarité, avec l’Académie algérienne de la langue amazighe », a-t-il mentionné. Selon lui, le HCA « est mobilisé pour traduire, dans les faits et dans les délais, tous les engagements pris conformément aux directives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika », soulignant que la vision actuelle du HCA consiste à mettre à la disposition des citoyens algériens un programme d’activités comportant des volets scientifique, culturel et pédagogique. Si El Hachemi Assad avait déclaré également que la reconnaissance de la culture amazighe et l’institutionnalisation de Yennayer consolide l’identité nationale fondée sur l’unité dans la diversité. Il avait, à ce propos, salué la décision éclairée » du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, énoncées lors du conseil des ministres du 27 décembre dernier.
Benslimane