Coup de théâtre. Alors que tout le monde s’attendait à une réaction de la part de la Fédération algérienne de football (FAF) pour stopper le «massacre», l’instance fédérale est sortie, ce lundi, de son mutisme en apportant son soutien au sélectionneur national Rabah Madjer, trois jours après la défaite concédée en amical face au Cap-Vert (2-3) au stade du 5-Juillet d’Alger, dénonçant «des voix non autorisées» qui se sont élevées pour réclamer son départ.
«Le président de la FAF et les membres du Bureau fédéral dénoncent la campagne d’acharnement menée contre la personne du sélectionneur national surtout à la veille d’une rencontre amicale aussi importante contre le Portugal ce jeudi 7 juin à Lisbonne», indique l’instance fédérale dans un communiqué publié sur son site officiel, pour le moins surprenant.
Plus que jamais dans l’oeil du cyclone, et sujet d’une campagne de dénigrement sans précédent, Rabah Madjer est en train peutêtre de regagner la confiance de la FAF, qui s’est retrouvée contrainte de réagir, mais pas de la manière attendue. D’aucuns s’interrogent sur le timing choisi par la FAF pour diffuser ce communiqué, à trois jours du second test au programme des Verts, jeudi prochain, face au Portugal à Lisbonne (20h15). Ne s’agit-il pas d’une stratégie prônée par l’instance fédérale pour calmer le jeu et gagner du temps dans l’optique de se «débarrasser» de Madjer en douceur ? Arrivé à la tête de la sélection en octobre dernier en remplacement de l’Espagnol Lucas Alcaraz, Madjer est loin de faire l’unanimité, alors qu’il reste sur trois défaites de rang, dont une concédée avec l’équipe A’, composée de joueurs locaux, le 9 mai à Cadix (Espagne) face à l’Arabie saoudite (2-0). Le bilan est loin de plaider en sa faveur, alors qu’il
n’a livré qu’un seul match officiel, sans enjeu, depuis son arrivée face au Nigeria (1-1, puis 3-0 sur tapis vert) disputé en novembre dernier à Constantine, en clôture des qualifications de la Coupe du monde 2018.
«Des voix non autorisées se sont élevées pour réclamer des changements dans la gestion technique de l’équipe nationale A, notamment au lendemain de la défaite en match amical face au Cap-Vert.
Le président de FAF et son Bureau fédéral et, tout en respectant les avis des uns et des autres, rappellent à l’opinion publique que toutes les décisions engageant l’avenir du football national et de l’équipe nationale sont de la seule et unique souveraineté du Bureau fédéral de la FAF comme stipulé dans l’article 36 des statuts de la FAF», souligne le communiqué de la FAF, une manière de montrer qu’elle est la seule habilitée à trancher sur l’avenir de l’homme
à la célèbre talonnade, qui aura peut-être, à la lecture de ce communiqué, de beaux jours devant lui à la tête des Verts.
Le prochain match officiel de l’équipe nationale se jouera en septembre prochain à Banjul face à la Gambie dans le cadre de la 2e journée (Gr.D) des qualifications de la Coupe d’Afrique des nations CAN-2019.
Madjer ou l’insoutenable et inutile pression La pression que subit aujourd’hui Rabah Madjer, quelles qu’en soient les raisons – bonnes ou mauvaises – qui appellent à sa destitution, montre surtout que c’est le mode de gestion des dirigeants qui fait défaut.
Découvrir aujourd’hui que Rabah Madjer n’aurait pas les capacités à diriger la sélection relève soit de l’incompétence soit du mensonge.
Ceux qui l’ont installé connaissaient son palmarès et son absence d’expérience pour prétendre au poste. Tout le parcours de Madjer depuis sa retraite sportive ainsi que ses trois précédents passages annonçaient un échec prévisible, mais cela n’a pas empêché certaines parties de lui donner de nouveau les pleins pouvoirs pour les lui retirer au bout de 8 petits mois. Le destituer aujourd’hui restera une péripétie anecdotique tant l’instabilité est une marque de fabrique au niveau de la FAF où la moyenne à la tête de la sélection d’Algérie depuis 1963 est de 9 mois et demi. Pour l’anecdote, Le Cap-Vert qui a battu l’Algérie à Alger avait aussi battu le Portugal il y a de cela trois ans à Estoril. Le plus intéressant n’est pas le résultat mais le fait que lors de ce match de 2015, les deux équipes avaient déjà les mêmes sectionneurs qu’aujourd’hui à leur tête, à savoir Fernando Santos (qui mènera un an plus tard la Seleçao sur le toit de l’Europe) et Rui Aguas. Même constat avec l’Iran qui a battu l’Algérie en mars en Autriche qui a le même sélectionneur, Carlos Queiros depuis 7 ans ! C’est cette stabilité que l’on n’arrive pas à installer chez nous où jamais un entraîneur n’a pu boucler un cycle de 4 ans, le record étant tenu par Rachid Mekhloufi avec 46 mois entre 1975 et 1979, suivi de Rabah Saadane, 35 mois entre 2007 et 2010 et enfin Vahid Halilhodzic, 35 mois entre 2011 et 2014. Il n’y a pas de miracle, les résultats ne viennent que lorsqu’on met en place les bonnes personnes et qu’on les laisse travailler, les erreurs de casting sont avant tout des erreurs des gestionnaires qui se précipitent ou choisissent sciemment de mauvais profils. On peut se tromper une ou deux fois, au-delà c’est qu’on ne sait pas choisir. La FAF a publié, lundi, un communiqué pour dire qu’elle seule décidera de l’avenir du staff technique mais ce communiqué scelle en fait déjà le sort du sélectionneur car la pression est devenue insoutenable et elle vient de toutes parts.
Toute la journée une rumeur persistante envoyait Rabah Madjer à l’hôpital victime d’un malaise. En arriver là n’a plus de sens ni aucune utilité, soit on assume vraiment cette fois l’erreur de casting soit on laisse le staff travailler quels que soient les résultats.