Ramadhan 2018 / Le consommateur algérien a acheté et gaspillé moins que les années précédentes

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Le consommateur algérien, longtemps peu regardant sur les prix des produits, voire leur qualité, n’est plus le même. Durant ce mois de Carême, il a acheté et gaspillé moins que les années précédentes. Le constat a été établi par des associations de protection des consommateurs.

Mustapha Zebdi président de l’association de protection du consommateur rappelle que durant la première semaine du mois de piété, la hausse des prix des produits de large consommation a été importante.
L’augmentation variait de 5 à 100%. Il évoque aussi une frénésie de la consommation due, selon lui, « à la crainte de pénuries ou à l’instabilité des prix». Pour Zebdi, «le comportement du consommateur commence à changer. Il y à moins de dépenses nous disent les producteurs et commerçants». La crise économique pousse à l’en croire à avoir un comportement modéré. Notre interlocuteur fait remarquer que le grand gaspillage est désormais le fait des lieux de restauration collective.
«Cela est regrettable de voire des produits subventionnés par l’Etat jetés en quantités importantes », dit il. Une étude établie par Extranet en charge de la gestion des déchets ménagers au niveau de 31 communes d’Alger affirme qu’une moyenne de 1600 baguettes est ramassée par jour durant les premiers jours du mois de Ramadhan. Nous constatons malgré tout un net recul de ce phénomène», se réjouit-il.
L’association «El Amel» de protection des consommateurs par la voix de son président Menouar Hassan partage le constat. «Si le consommateur se montre moins dépensant, les raisons sont multiples», estime t-il. Il y à d’abord le pouvoir d’achat qui a dégringolé. Il y a une certaine prise de conscience quant à la nécessité de mieux gérer son budget familial en évitant le superflu», explique t-il. Pour lui «les Algériens préfèrent investir pour les vacances de fin d’année que dans les dépenses du mois de Ramadhan». Pour ce qui est du gaspillage, il a fait remarquer qu’il existe un paradoxe car l’Algérien malgré la cherté de la vie, beaucoup continuent consommer abusivement.
D’ailleurs, l’association envisage de lancer une étude sociologique pour tenter d’analyser ce phénomène. Le gaspillage, a-t-il ajouté ne concerne pas uniquement le pain, mais aussi la viande, l’eau, les pommes de terre… L’économiste Mohamed Cherif Belmihoub soutient pour sa part que du point de vue de la théorie économique, une crise financière conduit automatiquement à une réduction de la consommation. S’agissant du consommateur algérien, notamment en cette période «spéciale » de l’année, son comportement ne peut être expliqué économiquement car il répond à d’autres logiques. «Durant ce mois la rationalité est laissée de côté par souci d’accomplir le jeûne dans les conditions idéales quitte à emprunter de l’argent pour satisfaire les besoins de la famille. «Le comportement du consommateur doit faire l’objet d’une étude sociologique plus que d’analyses économiques », assène t-il.