Le président mexicain Enrique Peña Nieto a rejeté jeudi les « attitudes menaçantes » et « le manque de respect » de son homologue américain Donald Trump, sur fond de tensions croissantes à la frontière entre les deux pays sur la question des migrants. La relation entre le Mexique et les Etats-Unis « est intense et dynamique et présente naturellement des défis. Mais ces défis ne peuvent en aucun cas justifier des attitudes menaçantes ou un manque de respect entre nos deux pays », a déclaré le président mexicain dans un communiqué.
Enrique Peña Nieto envoie ensuite une pique à Donald Trump: « si vos récentes déclarations puisent leur origine dans une certaine frustration liée aux affaires de politique intérieure, de vos lois ou de votre Congrès, adressez-vous à eux, et non aux Mexicains ». « Nous somme prêts à négocier, oui, mais toujours sur la base d’un respect mutuel », rappelle le dirigeant mexicain. « Il y a quelque chose qui nous unit, tous les Mexicains: c’est la certitude que rien, ni personne n’est au-dessus de la dignité du Mexique ». Ces déclarations interviennent après plusieurs jours de tensions autour de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Une caravane de plus de 1.000 migrants d’Amérique centrale qui traversait le Mexique en direction des Etats-Unis afin d’y entrer clandestinement a suscité la colère de Donald Trump, avant de finalement renoncer mercredi à son projet, se disant dépassée par le succès de cette initiative. C’est un reportage sur ce sujet qui a poussé le président Trump à monter en première ligne à ce sujet, salves de tweets à l’appui, exigeant des autorités mexicaines qu’elles stoppent cette caravane. Donald Trump, qui a mis la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (Aléna) dans la balance, fait aussi monter la pression sur le Congrès américain pour qu’il affaiblisse les droits des réfugiés et des migrants. Le républicain se plaint de la pratique consistant à relâcher les clandestins interpellés, le temps d’attendre leur comparution devant un tribunal, ce qui peut prendre des mois voire des années. Mercredi, il a ordonné l’envoi de la Garde nationale à la frontière avec le Mexique pour contenir l’immigration clandestine et accroître la pression sur son voisin du Sud. Donald Trump a promis jeudi d’envoyer « entre 2.000 et 4.000 » hommes à la frontière. Le président –qui donnait pour la première fois une indication sur la taille du contingent– a indiqué qu’il les « maintiendrait probablement » sur place, « ou au moins une grande partie », jusqu’à ce que le mur le long de la frontière, qu’il appelle de ses vœux, soit construit. L’administration Trump a assuré qu’elle avait prévenu le Mexique du déploiement à venir de la Garde nationale.