Sommet de l’UA: L’Algérie fait valoir sa doctrine et ses valeurs cardinales sur les questions de paix et de sécurité

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La participation du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en sa qualité de représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au 30e sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) qui a pris fin hier à Addis Abeba, a permis à l’Algérie de faire valoir sa doctrine et ses valeurs cardinales sur les questions de paix et de sécurité dans le continent.

Ainsi, l’Algérie continuera d’encourager toutes les initiatives de paix en Afrique tout en accordant un grand intérêt à l’élimination du terrorisme et des réseaux criminels. Intervenant au titre de l’examen du rapport du Conseil de paix et sécurité sur les activités et l’état de la paix et de la sécurité en Afrique, M. Ouyahia qui a « regrettée la persistance de foyers de crises et de tension sur le continent », s’est toutefois « félicité des avancées indéniables » réalisées dans plusieurs régions d’Afrique dans le domaine si vital de la paix et de la sécurité.

En ce sens, M. Ouyahia a cité le Mali « avec lequel l’Algérie, sous la direction du Président Bouteflika poursuit une coopération exemplaire dans le suivi de la mise en œuvre de de l’Accord pour la paix et la réconciliation », précisant que cet Accord a enregistré des « avancées notables, notamment sur les questions institutionnelles et de défense et sécurité ».  »Nous encourageons les pourparlers qui se poursuivent entre les parties maliennes. Nous espérons aussi arriver à des solutions rapides en ce qui concerne l’intégration des éléments des mouvements, la mise en place des patrouilles mixtes de sécurité et l’administration des collectivités locales au Nord du Mali », a encore souligné le Premier ministre.

A ce titre, l’Algérie réitère son appel aux signataires de l’Accord d’Alger à « s’investir davantage pour diligenter leurs contributions à l’aboutissement de ce processus de paix au bénéfice de tout le peuple malien et pour la consolidation de la paix et de la sécurité au Nord du Mali », a-t-il dit. M. Ouyahia a également affirmé que l’Algérie accorde un « grand intérêt » à l’élimination du terrorisme et des réseaux de crime transfrontalier de la région du Sahel, précisant à ce propos qu’elle coordonne sa contribution à ce combat avec les pays concernés au sein du CEMOC. Mon pays qui salue la solidarité internationale pour la sécurité au Sahel, apporte pour sa part, un soutien multiforme substantiel direct à chacun des Etats de cette région, pour le renforcement de leurs capacités de défense et de sécurité », a indiqué le Premier ministre.

S’exprimant sur la situation en Libye, il a fait savoir que l’Algérie suit avec « des espérances fortes, les développements en cours pour l’aboutissement d’une solution politique à la crise », précisant qu’il s’agit d’une « solution devant préserver l’unité, l’intégrité et la souveraineté de ce pays frère et voisin et d’une solution politique devant jeter les fondements de la réconciliation nationale entre les Libyens ».

Il a indiqué que l’Algérie salue l’adoption par le Conseil de sécurité les Nations Unies, du Plan d’action du représentant spécial de l’ONU pour la Libye, ajoutant que l’Algérie se « félicite aussi de la déclaration du Conseil de sécurité confirmant que l’accord politique de décembre 2015 demeure le seul cadre viable pour le règlement de la crise libyenne ». « Mon pays salue également les annonces des différentes parties libyennes en faveur de la tenue prochaine d’élections démocratiques car nous sommes convaincus de la capacité de nos frères libyens à restaurer la paix, la sécurité et l’entente nationale, à l’abri de toute ingérence extérieure », a encore déclaré le Premier ministre.

S’agissant du Sahara occidental, M. Ouyahia a fait siennes les conclusions et les recommandations retenues dans le rapport du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine. « L’Algérie considère que l’Union africaine demeure historiquement saisie de la question du Sahara occidental. L’Union africaine demeure politiquement saisie de ce même dossier conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée Générale de l’ONU », dira-t-il.

Sur cette même question, M. Ouyahia a indiqué que l’Algérie formule « l’espoir que le nouveau Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental bénéficiera de la pleine coopération des deux parties pour le règlement de cette question, conformément aux résolutions des Nations unies ». En outre, et selon un rapport du Conseil de paix et sécurité (CPS) présenté au sommet de l’UA, le terrorisme et l’extrémisme violent, nourris des revenus de la criminalité transnationale organisée sous ses diverses formes, y compris le trafic de la drogue et des êtres humains et celui des armes, constituent « la plus grave menace à la paix, à la sécurité et à la stabilité » du continent africain.

Le rapport a relevé que les situations de crise et de conflit prolongées sur le continent nécessitent « une volonté politique et un engagement plus affirmé afin de parvenir à des solutions pérennes à même d’éviter la résurgence de la violence ». Pour le CPS, le tableau général de la situation de la paix et de la sécurité dans le continent demeure encore contrasté, avec des situations qui s’améliorent et d’autres qui continuent encore à faire face à des défis. A ce propos, il a relevé que la Somalie a connu cette année l’attentat le plus meurtrier de l’histoire du terrorisme sur le continent, alors que l’AMISOM reste à ce jour le seul rempart contre la prise de contrôle du pays par les groupes terroristes, notamment les Shebbab, en attendant que les forces nationales somaliennes soient en mesure de prendre efficacement et effectivement le relai.

Au Mali et au Sahel, les groupes terroristes, profitant des immensités désertiques, menacent chaque jour la stabilité des pays de la région, alors que dans le Bassin du Lac Tchad, les pays de la région font face à l’action quotidienne meurtrière du groupe terroriste Boko Haram. En ce sens, le rapport recommande de mettre l’accent sur la prévention, la gestion et la consolidation de la paix, ainsi que la stabilité, à travers des politiques de reconstruction et de développement post-conflit adaptées à chaque pays sortant de crise ou d’un conflit violent.

La reconstruction et le développement post-conflit « exigent des investissements très lourds, notamment en termes financiers, qui souvent, hélas, ne sont pas facilement mobilisables sur le continent », regrette le CPS, appelant à déployer des efforts pour mobiliser les secteurs public et privé et les institutions financières internationales, ainsi que les Etats membres de l’UA dans le cadre de l’initiative de solidarité africaine, en vue d’apporter un appui fiable aux pays africains sortant de conflits. A ce titre, le CPS a appelé les Etats membres de l’UA à œuvrer inlassablement en vue du développement pour l’amélioration des conditions de vies des peuples africains pour les mettre à l’abri de la pauvreté, des inégalités et des conflits violents.

Dans le même sens, le CPS, en étroite coopération avec les Etats membres et les Nations unies, reste engagé à poursuivre ses efforts dans le domaine de la prévention et du renforcement des mécanismes de sécurité collective, tels que prévus dans l’Architecture africaine de paix et de sécurité, pour faire face aux menaces comme le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le CPS continuera de remplir sa mission en vue de l’objectif continental: « faire taire les armes à l’horizon 2020 et pour la prospérité de l’Afrique que nous voulons en 2063 », est-il mentionné dans le document. Le CPS a également mis en garde contre la menace que représente les terroristes africains et étrangers de retour dans leurs pays respectifs, appelant les Etats membres de l’Union à élaborer une « approche harmonisée » pour y faire face. Dans le même sillage, une approche globale de lutte contre la menace transnationale du terrorisme et de l’extrémisme violent doit inclure des mesures et des actions énergiques de développement socioéconomique sur l’ensemble du continent, afin d’éliminer certaines conditions sous-jacentes qui nourrissent le fléau du terrorisme.

Le CPS, chargée d’élaborer une approche globale de lutte contre la menace transnationale du terrorisme et de l’extrémisme a, en outre, relevé que les groupes terroristes en Afrique, qui sont principalement motivés par un agenda local, ont des relais avec des groupes d’autres régions, citant à ce propos « les fusions d’AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique)avec d’autres groupes locaux et la proclamation par Daesh (Etat islamique) de certaines provinces de Libye ou du Nigeria ». Pour la commission du CPS, « Daesh qui a des ramifications en Afrique, après avoir été chassé d’Irak et de Syrie, cherche à faire du continent sa nouvelle base, notamment au Sahel ».

La même source note que « de nombreux pays africains sont mal préparés pour affronter des milliers de terroristes africains et étrangers de retour au continent », soulignant qu’ils constituent « une grave menace à la sécurité ». « Les vastes espaces non occupés en Afrique, en particulier dans zones frontalières de la région sahélo-saharienne où la présence des autorités et de la sécurité fait défaut, augmente la vulnérabilité du continent face aux mouvements et déplacements de ces terroristes », relève la même source, estimant que « cette nouvelle race de terroristes qui menace dangereusement le continent, est constituée d’individus détenteurs de passeports de pays occidentaux, ce qui leur facilite l’obtention facilement de visas d’entrée à leur arrivée dans la plupart des pays africains ». Afin de limiter le déplacement de ces terroristes, la commission du CPS recommande de « diffuser l’identité de ces terroristes qui sont de retour dans leurs pays respectifs afin de pouvoir les suivre et évaluer le risque qu’ils représentent ».