APN: Arkab dévoile la nouvelle stratégie minière

0
72

La Commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification de l’Assemblée populaire nationale (APN) a auditionné, jeudi 27 novembre 2025, le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, qui a présenté un exposé détaillé consacré aux « enjeux et défis du secteur minier ». La séance a été présidée par Samira Berhoum, en présence de la secrétaire d’État chargée des mines, Karima Bekir Tafer, du directeur général de l’Agence nationale des activités minières, Mourad Hanifi, ainsi que de plusieurs cadres du ministère.

Dès l’entame de son intervention, le ministre a rappelé que cette rencontre s’inscrit dans la dynamique stratégique impulsée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à ériger le secteur minier en véritable locomotive de développement et en pilier central de la diversification économique hors hydrocarbures. Il a insisté sur la nécessité de transformer les ressources naturelles du pays en valeur ajoutée au service du développement national. Selon le diagnostic approfondi mené par les services du ministère, le secteur minier recèle d’importantes capacités et richesses inexploitées, contrastant avec une contribution encore faible au PIB. Ce décalage résulte d’un ensemble d’obstacles structurels ayant persisté durant des années, parmi lesquels un manque d’investissements dans la prospection et l’exploration, l’insuffisance de données géologiques modernes et fiables, ainsi que la poursuite des importations de matériaux disponibles localement — notamment le concentré de fer, la baryte, la bentonite, le carbonate de calcium, le marbre et le granit — représentant un important drain de devises. Le ministre a également évoqué les limites de l’ancien cadre juridique régissant les activités minières (loi 14-05), devenu inadapté aux exigences de l’investissement, ainsi que le déficit en infrastructures appropriées, qu’il s’agisse de transport ferroviaire ou de ports spécialisés. Les difficultés de financement, les besoins en transfert de technologie et le renforcement des compétences humaines constituent également des défis majeurs.

Mohamed Arkab a souligné que le secteur est désormais engagé dans une nouvelle phase de réforme et de libéralisation économique, grâce à la promulgation du nouveau code minier, adopté et publié en août dernier à l’issue d’une vaste concertation. Cette loi constitue, selon lui, un tournant décisif : simplification des procédures, réduction des délais d’attribution des titres miniers, mise en place d’un guichet unique effectif, possibilité d’investir en phase d’exploration sans créer de personne morale, et introduction — pour la première fois — de la cession, de la location ou du nantissement des titres pour accéder au financement bancaire.

Le texte renforce en outre le rôle des agences spécialisées, dont l’Agence nationale des activités minières et l’Agence du service géologique de l’Algérie. Le ministre a exposé les grands axes de la stratégie nationale, fondée sur la transition d’une simple extraction primaire des minerais vers la construction d’une industrie minière totalement intégrée. Il a cité plusieurs projets structurants, notamment celui de Gara Djebilet à Tindouf, considéré comme un enjeu stratégique pour alimenter l’industrie nationale en matières premières et réduire la facture des importations. Il a également évoqué le méga-projet intégré du phosphate dans l’Est du pays, essentiel pour la production d’engrais et la sécurité alimentaire, ainsi que le projet de zinc et de plomb de Oued Amizour – Tala Hamza, destiné à couvrir les besoins du marché national et à orienter le surplus vers l’exportation avec une forte valeur ajoutée.

Dans cette perspective, le ministre a insisté sur la nécessité de diversifier la base minière et de la valoriser économiquement grâce à des programmes ambitieux de prospection et d’exploration. Il a mis en avant l’importance du développement des filières de minerais industriels non ferreux, de la substitution aux importations, de l’imposition du contenu local et du transfert de technologie, ainsi que de la localisation de l’industrie minière en Algérie, considérée comme un enjeu souverain majeur. Abordant la question des infrastructures, il a souligné que les obstacles ont été levés dans les grands projets structurants, citant la réalisation de la ligne ferroviaire Gara Djebilet – Béchar, dont l’inauguration est prévue en janvier 2026. Il a également mentionné la ligne Tébessa – Souk Ahras – Annaba, destinée au projet intégré du phosphate, ainsi que l’extension notable du port minier d’Annaba.

Par ailleurs, le ministère œuvre à renforcer les partenariats internationaux avec l’appui du groupe Sonarem, afin d’attirer les investissements et les technologies de pointe et de développer les compétences humaines dans une approche gagnant-gagnant. En conclusion, Mohamed Arkab a affirmé que la nouvelle stratégie nationale, adossée au nouveau code minier, constitue le cadre opérationnel permettant de transformer durablement le secteur en un pilier de l’économie nationale, une source pérenne de richesse et d’emplois, et un contributeur majeur au budget de l’État. Il a réitéré l’engagement de son département à poursuivre son action avec détermination pour atteindre ces objectifs, tout en se disant prêt à répondre à l’ensemble des préoccupations des membres de la commission.

Yasmine Derbal

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici