La Cour d’Alger a organisé, lundi, une journée d’étude consacrée à la numérisation de la justice, sous le thème « La numérisation de la justice comme moyen pour atteindre l’efficacité judiciaire ». Cette rencontre, tenue en partenariat avec l’Ordre des avocats d’Alger, a mis en avant l’importance de la transformation numérique comme levier essentiel pour renforcer la performance, la transparence et la proximité du service public de la justice.
Dans son allocution d’ouverture, le président de la Cour d’Alger, Mohamed Bouderbala, a souligné que « la justice aujourd’hui n’est plus une affaire traditionnelle reposant sur le papier et les correspondances manuelles, mais un espace ouvert interagissant avec les développements technologiques et numériques ». Selon lui, la justice électronique représente « l’expression la plus évidente de cette transformation », car elle touche à la relation directe entre le citoyen et l’institution judiciaire. M. Bouderbala a également insisté sur la nécessité de repenser la notion d’efficacité judiciaire, qui ne doit plus se limiter à la rapidité du traitement des affaires, mais s’inscrire dans « une approche globale alliant qualité des décisions, protection des droits et célérité dans l’accès à la justice ». Il a ajouté que la numérisation des circuits judiciaires permet de gagner du temps, de réduire les formalités administratives et d’assurer un suivi transparent des affaires, dans le respect des règles de sécurité et de confidentialité. Le président de la Cour a fait savoir que, sur instruction du ministère de la Justice, la Cour d’Alger a déjà engagé la mise en œuvre d’un système d’échange électronique des requêtes et documents dans les affaires civiles. Cette initiative, a-t-il expliqué, constitue une première étape vers une justice modernisée et connectée. Il a souligné que la réussite de cette transformation « ne se mesure pas uniquement à l’efficacité des logiciels, mais aussi à la qualité de l’interaction professionnelle et administrative avec ces outils ». De son côté, le procureur général près la Cour d’Alger, Kamel Benboudiaf, a rappelé que la justice électronique « n’est pas un simple slogan réformateur, mais un processus intégré, piloté par le ministère de la Justice dans le cadre d’une stratégie nationale visant à restructurer le système judiciaire conformément aux exigences de l’ère numérique ». Il a précisé que le mécanisme de la justice électronique apporte une réponse concrète en matière d’efficacité, grâce à l’utilisation d’outils numériques permettant l’échange de requêtes, le dépôt des mémoires, la notification électronique des convocations et le suivi à distance des dossiers, dans un environnement sécurisé garantissant la fiabilité et la confidentialité des données. Appelant à la mise en place d’un cadre juridique global régissant l’ensemble des procédures numériques, M. Benboudiaf a insisté sur la nécessité d’évaluer l’impact des nouvelles pratiques sur les délais, les recours et l’exécution des décisions. Il a conclu que « la justice numérique n’est pas une option temporaire, mais bien l’avenir de l’action judiciaire en Algérie », appelant à une mobilisation collective pour garantir sa réussite. Pour sa part, le bâtonnier d’Alger, Mohamed Baghdadi, a mis en exergue le rôle central de la transition numérique dans la modernisation du système judiciaire, la simplification des procédures, la réduction des coûts et l’accélération du traitement des affaires. Il a souligné que la défense est pleinement disposée à accompagner cette mutation au service de la justice et du citoyen, estimant que la numérisation constitue une opportunité pour alléger la charge pesant sur les juridictions et renforcer la confiance entre les acteurs du système judiciaire. Cette journée d’étude s’inscrit dans la continuité des réformes engagées par le ministère de la Justice, visant à faire de la transformation numérique un pilier de la modernisation de l’appareil judiciaire et un vecteur d’efficacité au service du justiciable. Nora Mohammedi
