Relations Algérie–France: Pour des relations apaisées par le dialogue productif

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«Le ministre de l’Intérieur français Laurent Nuñez dans un entretien au Parisien publié le 1ᵉʳ novembre»,2025 a précisé je le cite «  le ministre de l’Intérieur algérien m’a récemment écrit pour m’inviter », plaidant   «  pour une relation apaisée, mais exigeante » avec Alger, avec qui le canal est totalement coupé aujourd’hui », critiquant   la politique du bras de fer de son prédécesseur à qui a provoqué l’arrêt total de la coopération sécuritaire entre les deux pays, précisant  que «  ceux  qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent » .

1.- Dans les relations internationales  n’ existent pas  de sentiments mais que des intérêts qui évoluent en fonction  de la conjoncture et des rapports de forces  militaires et économiques, la nouvelle  diplomatie n’ étant plus, hélas, à l’heure des principes, mais à celle du pragmatisme. Tant la France que l’Algérie privilégient leur développement interne, tenant  compte des nouvelles mutations géostratégiques mondiales . Il s’agit ensemble de  lutter contre la violence et l’extrémisme sous toutes leurs formes, qui prennent désormais des formes modernes à travers les cyberattaques devenant  urgent de définir un cadre juridique de protection à l’échelle régionale  et mondiale. Je souhaite, avec de nombreuses personnalités de toutes tendances, l’atténuation de ces tensions pour que la raison l’emporte sur les passions, particulièrement dans ce contexte de fortes tensions régionales.  En plus des relations économiques, il convient de mentionner les relations sécuritaires ainsi que la forte présence de la diaspora algérienne en France, ce qui rend les relations plus sensibles et complexes. La dimension humaine, souvent marquée par des mariages mixtes, joue un rôle crucial. Dans sa grande majorité, cette diaspora vit de son travail, contribue à la richesse de la France et respecte les lois du pays d’accueil. Elle ne doit pas être prise en otage ni assimilée à ceux qui prônent la haine. Sur le plan énergétique, l’Europe reconnaît, outre les exportations de GNL, que l’Algérie est devenue en 20232024   le deuxième fournisseur de gaz avec 19 /2O%, devançant la Russie et se plaçant derrière la Norvège, grâce aux canalisations Medgaz via l’Espagne et Transmed via l’Italie,  l’Algérie étant  un acteur stratégique pour l’approvisionnement en énergie de l’Europe.  Selon la majorité des experts en géostratégie, des relations apaisées s’imposent entre tous les pays de la région, par le respect réciproque, en privilégiant le dialogue productif, afin d’éviter toute déstabilisation régionale qui aurait des conséquences dévastatrices sur tout l’espace euro-méditerranéen et africain, dont l’espace sahélien, appelé à connaître un profond bouleversement. Les grands penseurs, depuis Aristote et Platon, ont toujours prôné le dialogue au lieu de la confrontation. N’oublions pas le geste colombien symbolique qui lui a valu respect et considération : l’Émir Abdelkader s’est interposé par la force à Damas pour éviter l’extermination de milliers de chrétiens. L’Algérie, de Saint-Augustin à l’Émir Abdelkader, a toujours contribué à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle L’Algérie ne demande pas l’aumône mais la considération et le respect de sa souveraineté,

2. Depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux intellectuels et personnalités politiques de différentes sensibilités et nationalités, que la tolérance s’impose, loin de la culture de la haine. L’ère des confrontations n’a prévalu que parce que les extrémismes ont dominé dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Connaître l’Autre, c’est aller vers lui, le comprendre, mieux le connaître, afin de favoriser le dialogue des civilisations.  L’histoire millénaire a montré que la symbiose des apports du monde musulman et de l’Occident – Islam, Judaïsme, Christianisme, ainsi que toutes les autres religions comme le Bouddhisme, pour ne citer que ces grandes religions monothéistes – et le respect des non-croyants, ont favorisé le dialogue des cultures et des civilisations. Ces interactions, avec leurs prospérités et leurs déclins, ont démontré qu’aucune civilisation n’est supérieure à une autre. Respecter toutes les croyances permet d’éviter les chocs de civilisations, préjudiciables à l’avenir de l’humanité.  Le devenir d’un monde multipolaire conditionne largement la réussite de cette grande entreprise de cohabitation entre les peuples, qui interpelle notre conscience commune. Le repli sur soi étant préjudiciable à notre prospérité commune, il engendrerait inéluctablement des tensions économiques, politiques, sociales et culturelles. C’est dans ce cadre d’apaisement que   le  GRAL Think Tank localisé à Paris ,composé d’importantes personnalités françaises et algériennes,  un espace de circulations d’idées, de débats, d’analyses, de propositions, de productions intellectuelles, d’expertises, afin de soutenir le processus de construction d’une Algérie plurielle, de libertés, de progrès, de prospérité et  de développement qui milite pour  des relations  équilibrées  entre l’Algérie et la France , combattant tout esprit de domination,  a publié  une lettre ouverte reproduite  dans la presse  internationale,  dont j’ai  été un des  signataire,  aux présidents Abdelmadjid Tebboune  et Emmanuel Macron pour des relations apaisées. Aussi ,  malgré des divergences il s’agit, comme je l’ai souligné il y a quelques années lors d’une conférence donnée à l’invitation du Parlement européen à Bruxelles et plusieurs conférences à Paris  notamment au Sénat français à l’invitation de mon ami  et ami  de l’Algérie le professeur  et  ministre Jean Pierre Chevènement, et à l’institut de géostratégie  de Paris  de dépassionner les relations. L’adoption par l’Assemblée nationale française de la motion du Rassemblement national (RN), appelant à la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968 a révélé bien plus qu’une fracture diplomatique. Elle a mis en lumière un désalignement profond au sein même du pouvoir exécutif et une dérive du débat français vers une instrumentalisation politique du lien avec Alger. Car si la motion a été adoptée à une voix près, c’est avant tout en raison de l’absence et du désengagement du camp présidentiel. Les macronistes, par leur passivité, ont laissé s’installer une victoire symbolique de l’extrême droite sur un terrain qu’ils prétendaient jusqu’ici vouloir contenir. Le Premier ministre français, Sébastien Lecornu, a tenté d’en limiter la portée, quelques heures après son adoption, et ce, en rappelant que « la convention de 1968 stipule que le président de la République est le garant des traités internationaux, qu’il négocie et les signe», tout en ajoutant que «cela n’empêche pas, bien entendu, le Parlement de les ratifier». En affichant ce rappel, il a cherché à ramener le débat à un cadre juridique. Mais, dans les faits, le message politique est tout autre, car c’est bien le soutien tacite d’une partie des macronistes, manifesté par leur absence délibérée le jour du vote, qui a rendu possible l’adoption du texte porté par le RN. Dans ce contexte de confusion politique et de messages dissonants, Lecornu a ajouté à l’ambiguïté générale en affirmant qu’il ne s’agissait pas d’abroger l’accord, mais de le «renégocier», estimant qu’il «appartient à une autre époque, à un autre contexte». Il a même insisté sur la nécessité d’une relation fondée sur «nos intérêts de sécurité et économiques ». «Il faut être pragmatique » dira-il. L’exécutif en désaccord avec sa propre majorité Du côté opposé de l’échiquier politique, la gauche qui comptait aussi beaucoup d’absents du PS lors du vote, a dénoncé ce qu’elle perçoit comme un basculement historique aux accents inquiétants. Jean-Luc Mélenchon lui a fustigé « la haine persistante envers les pays du Maghreb » et accusé le RN d’être « l’ennemi personnel de millions de compatriotes». La députée écologiste Clémentine Autain a évoqué « un triste jour où notre pays renoue avec son passé colonial ». Pour François Piquemal, député LFI, les «héritiers des tortionnaires de la guerre d’Algérie» ont «obtenu une majorité». Ces réactions, loin d’être anecdotiques, traduisent la sidération d’une partie de la classe politique française face à la normalisation de positions jadis marginales.Marine Le Pen, de son côté, a salué « un tournant attendu», se félicitant que «le Parlement corrige enfin une anomalie historique ». Une victoire symbolique qui dissimule un phénomène plus préoccupant : le glissement de la droite traditionnelle vers les thèses identitaires du RN. Plusieurs députés Les Républicains, sous la présidence du controversé Bruno Retailleau, ont, en effet, voté en faveur du texte, accélérant la convergence idéologique entre les deux blocs.

Professeur des universités, expert international Abderrahmane Mebtoul.

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