Un jour après avoir remporté son titre historique sur son agrès de prédilection, les barres asymétriques, Kaylia Nemour a remis ça en allant chercher, hier, une nouvelle médaille, cette fois à la poutre aux Mondiaux de gymnastique qui se sont clôturés hier à Jakarta en Indonésie. Elle a remporté l’argent juste derrière la chinoise Zhang Qingying et devant la Japonaise Aiko Sugihara.
Pourtant, c’est ce « maudit » agrès qui l’avait certainement privée du podium dans le concours général terminant à une frustrante quatrième place. Elle avait chuté sur le double pivot accroupi, ce qui lui avait coûté des points précieux. Mais hier, elle a assuré maîtrisant parfaitement son passage sur cet élément pour s’adjuger la deuxième place haut la main. Avec une moisson de deux médailles, une en or et une argent, la pépite algérienne de 18 ans fait mieux qu’aux JO de Paris où elle a gagné une médaille d’or et en se classant à la cinquième place du concours général. Elle s’invite ainsi dans la table des meilleures gymnastes mondiales où elle est devenue une référence notamment sur les barres asymétriques, un agrès dans lequel elle excelle en dominant outrageusement et incontestablement la concurrence. Vendredi, elle a de nouveau fait étalage de son talent inouï et de sa grande classe en livrant une prestation époustouflante obtenant l’excellente note de 15,566 points, reléguant à plus d’un point sa dauphine, la Russe Angelina Melnikova (14,50), la lauréate du concours général. Pourtant, il n’était pas simple de gérer la pression, d’autant qu’elle était la dernière athlète à passer sur l’agrès.
« Je suis hyper contente, d’avoir été chercher cette médaille. Ce n’était pas évident de passer dernière d’une finale mondiale où on m’attendait. Je suis très, très heureuse », a-t-elle confié après la finale dans des propos rapportés par le site de lequipe. Elle est ensuite revenue sur sa frustration de la veille en ratant de peu le podium du concours général. « C’est vrai que c’était un peu compliqué, le moral n’était pas là. Mais je me suis remise dans ma bulle et reconcentrée. Cette fois, j’ai réalisé le mouvement que je voulais, avec toutes mes connexions. J’ai gagné quelques dixièmes par rapport aux qualifications », note-t-elle.
A la clôture de ces mondiaux, son bilan est formidable, devenant la première athlète africaine sacrée dans les championnats du monde de gymnastique.
Par ailleurs, elle entre définitivement dans la cour des grands dans une période où on craignait que le changement de club et d’entraîneur, il y a six mois environ, allait quelque peu freiner sa progression ou du moins la perturber. Il n’en est rien. Aujourd’hui, on est persuadé qu’elle a fait le bon choix. En rejoignant le club de Dijon, où elle s’entraîne désormais sous la houlette du coach Nadia Massé, elle semble évoluer dans un milieu sain qui lui permet de viser encore plus haut. Kaylia Nemour est incontestablement le plus grand espoir du mouvement sportif national dans les années à venir. Une valeur sûre, un trésor qu’il faut protéger, surtout en ces temps de vaches maigres.
Ali Nezlioui
