Le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Salah-Eddine Taleb, a appelé depuis Washington à un renforcement du multilatéralisme et de la coopération internationale afin de faire face à la montée des incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale.
S’exprimant au nom d’un groupe de pays lors de la 52ᵉ réunion du Comité monétaire et financier international (IMFC), tenue les 16 et 17 octobre à Washington dans le cadre des Réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, M. Taleb a souligné que l’économie mondiale entrait dans une phase marquée par une forte incertitude, liée au vieillissement démographique, à la transformation numérique et au changement climatique. Ces facteurs, a-t-il indiqué, redéfinissent les structures économiques et influencent la croissance ainsi que la répartition des revenus.
Le responsable a mis en garde contre les niveaux d’endettement élevés et les mutations de l’ordre économique international qui accroissent les risques et rendent les perspectives de long terme plus incertaines. Malgré une résilience notable, la croissance mondiale demeure fragile, freinée par les chocs tarifaires, les tensions géopolitiques et les incertitudes de politique économique.
Ces évolutions, a-t-il poursuivi, compliquent les efforts destinés à stimuler l’emploi, réduire la pauvreté et reconstituer les marges budgétaires. Bien que l’inflation recule progressivement, elle reste supérieure aux cibles dans plusieurs économies, ce qui alimente des déséquilibres persistants.
M. Taleb a estimé que les perspectives demeurent orientées à la baisse, du fait des risques d’escalade des conflits et du durcissement des conditions financières internationales. Les progrès technologiques et diplomatiques constituent certes des signaux positifs, mais insuffisants pour compenser les incertitudes actuelles.
Face à cette situation, il a plaidé pour une politique axée sur le renforcement du multilatéralisme, insistant sur la nécessité de réformer les mécanismes internationaux de règlement des différends afin de prévenir les conflits et le protectionnisme. Il a également alerté sur la concentration de déséquilibres extérieurs dans certaines grandes économies, estimant qu’une coopération accrue est essentielle pour restaurer durablement l’équilibre mondial.
Abordant la situation de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP), M. Taleb a souligné que les économies émergentes et en développement subissent déjà les effets du ralentissement mondial et des tensions commerciales. Pour les exportateurs d’hydrocarbures, la volatilité des prix du pétrole et du gaz fragilise les équilibres extérieurs et budgétaires, d’où la nécessité, selon lui, de poursuivre les efforts de diversification économique. Les pays importateurs de pétrole doivent, pour leur part, consolider leurs finances publiques par une meilleure mobilisation des recettes internes et une hiérarchisation des dépenses.
Le Gouverneur a également évoqué la situation des pays à faible revenu, souvent touchés par les conflits, qui font face à des besoins de développement pressants et nécessitent un soutien international accru. Sur le plan macroéconomique, il a recommandé de reconstituer les marges budgétaires et de renforcer la résilience face aux chocs futurs, tout en préservant la stabilité des prix et la soutenabilité de la dette. Il a par ailleurs insisté sur l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique pour dégager des marges destinées à l’investissement dans les infrastructures, la santé et l’éducation.
En conclusion, M. Taleb a réaffirmé le soutien du groupe de pays qu’il représente au Programme d’action mondial de la Directrice générale du FMI, soulignant l’importance du rôle du Fonds dans la stabilité financière internationale et la restructuration ordonnée de la dette. Il a enfin plaidé pour un FMI solide, fondé sur les quotes-parts et doté de ressources suffisantes, saluant l’approbation par les pays de la région de la 16ᵉ révision générale des quotes-parts et appelant à la poursuite des réformes de gouvernance dans le cadre des prochaines révisions.
Amel Driss
