« La résistance aux antimicrobiens s’intensifie, mais le développement de nouveaux traitements et diagnostics est insuffisant pour enrayer la propagation des infections bactériennes pharmacorésistantes », alerte Yukiko Nakatani, la directrice générale adjointe de l’OMS, dans un communiqué paru le 2 octobre. D’après les estimations de l’agence, cela pourrait aboutir à 39 millions de décès d’ici 2050. « La résistance aux antimicrobiens (RAM, NDLR) s’intensifie, mais le développement de nouveaux traitements et diagnostics est insuffisant pour enrayer la propagation des infections bactériennes pharmacorésistantes ». Dans un communiqué paru le 2 octobre 2025 sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), annonçant la publication de deux rapports sur le sujet, sa directrice générale adjointe Yukiko Nakatani alerte sur l’augmentation de la RAM dans le monde, en particulier la résistance croissante des bactéries aux antibiotiques. D’après l’OMS, ce phénomène serait responsable de plus d’un million de morts par an dans le monde. « Sans un investissement accru dans la recherche et le développement, et sans des efforts ciblés pour que les nouveaux produits et les produits existants atteignent ceux qui en ont le plus besoin, les infections résistantes aux médicaments continueront de se propager », interpelle Yukiko Nakatani. D’après les estimations de l’OMS, cela pourrait aboutir à 39 millions de décès d’ici 2050. Selon les deux nouveaux rapports, l’utilisation abusive et excessive des antimicrobiens chez les hommes, les animaux et même les plantes, serait la cause principale de la résistance aux médicaments.
« Une double crise »
Dans le détail, la RAM est définie comme l’incapacité des micro-organismes (bactéries, virus et parasites) à répondre aux médicaments antimicrobiens. Parmi eux, les antibiotiques, les antiviraux et les antifongiques. En 2017, l’OMS a commencé à scruter le développement des agents antibactériens. En 2023, elle recensait 97 antibactériens en phase de développement clinique (en cours d’essai chez l’homme). Il n’y en aujourd’hui plus que 90, alerte l’agence qui déplore « une double crise : la rareté et le manque d’innovation ». D’autant plus que « Parmi les 90 antibactériens en cours de développement, seuls 15 peuvent être considérés comme innovants ».
Concernant les programmes de recherche préclinique (avant les essais cliniques chez l’homme), si 232 projets sont en cours, 90% des 148 entreprises concernées sont de petites structures de moins de 50 employés. D’après l’OMS, cela met en lumière la « fragilité » de l’écosystème de recherche et du développement médical.
Rendre publiques les données sur l’activité antibactérienne
En conclusion, l’agence appelle donc à investir davantage en recherche et développement « dans l’écosystème des médicaments et des diagnostics antibactériens ». « Renforcer ce pipeline nécessite une action coordonnée entre la découverte de médicaments, le développement clinique d’agents traditionnels et non traditionnels, l’innovation diagnostique, des stratégies d’accès équitable et de nouveaux modèles de financement pour soutenir les PME qui mènent actuellement la R&D sur les médicaments antibactériens et les diagnostics. » Pour finir, l’OMS exhorte les chercheurs à rendre publiques leurs données sur l’activité antibactérienne. Ce procédé pourrait, selon elle, favoriser la collaboration, attirer les investissements et, à terme, accélérer l’innovation.
Le point sur les récentes découvertes concernant l’antibiorésistance
L’OMS exprime régulièrement son inquiétude quant à l’antibiorésistance. Dans communiqué paru fin juillet 2024, l’organisation alertait sur la propagation de la bactérie Klebsiella pneumoniae en Europe. Connue depuis des dizaines d’années, elle est devenue résistante aux antibiotiques et serait désormais capable d’attaquer même les personnes en bonne santé, alertait l’OMS, invitant les pays européens à anticiper et intensifier leurs efforts en matière de détection. Concernant les facteurs de développement de l’antibiorésistance, une récente étude publiée dans Applied and Environmental Microbiology a mis en lumière le rôle des microplastiques dans ce phénomène. Alors que jusque-là on mettait en avant l’usage abusif et la surprescription d’antibiotiques, les chercheurs assurent que les microplastiques alimenteraient la résistance aux antibiotiques. « Les plastiques offrent une surface sur laquelle les bactéries se fixent et colonisent », expliquait alors l’auteure principale de l’étude. Une fois fixées à une surface, les bactéries créent un biofilm : une substance collante qui agit comme un bouclier, les protégeant des envahisseurs et les maintenant solidement fixées. « Nous avons constaté que les biofilms sur les microplastiques, comparés à d’autres surfaces comme le verre, sont beaucoup plus résistants et épais, comme une maison bien isolée. »






