Le monde du football n’en finit plus de s’interroger sur les implications du choix du gardien Luca Zidane de représenter l’Algérie sur la scène internationale. Si la décision a naturellement fait grand bruit en Algérie, c’est surtout en France que le débat s’est enflammé, tant elle touche à des sujets sensibles mêlant sport, identité, et héritage familial. Fils du mythique Zinédine Zidane, icône de la génération dorée des Bleus et symbole de la France multiculturelle victorieuse du Mondial 1998, Luca Zidane a grandi dans l’ombre d’un père vénéré aussi bien en France qu’en Algérie. Jusqu’ici, Luca avait porté les couleurs tricolores dans les sélections de jeunes. Son choix de rejoindre les Fennecs surprend donc – voire dérange.
La France face à son propre miroir
Sur le plateau de la chaîne RMC Story, les échanges ont été vifs. La journaliste Estelle Denis a critiqué la décision du joueur, craignant une dérive où les sportifs pourraient « puiser dans des origines lointaines pour intégrer d’autres sélections nationales ». Une manière à peine voilée de remettre en cause la légitimité du choix de Luca Zidane, pourtant parfaitement légal selon les règles de la FIFA. Mais c’est surtout le chroniqueur Daniel Riolo qui a apporté un contrepoids tranché, défendant le droit de chaque joueur à choisir « le pays qui correspond le mieux à son identité personnelle et culturelle », soulignant que certains peuvent se sentir « authentiquement liés à deux nations ».
Une question de cœur ou d’opportunité ?
Certains observateurs parlent d’un choix de carrière stratégique, dans un contexte où la concurrence en équipe de France est particulièrement rude, notamment au poste de gardien. Mais d’autres estiment que Luca Zidane pourrait chercher à reconnecter avec ses racines algériennes, dans un élan sincère et assumé, loin de toute manœuvre opportuniste. Comme l’a résumé Riolo, ce transfert symbolique s’inscrit dans une époque où le football est devenu un véritable « marché des opportunités », mais aussi un espace de reconfiguration identitaire. « Si cela doit déranger quelqu’un, dit-il, ce sont les Algériens qui doivent poser les bonnes questions : connaît-il le pays ? Parle-t-il la langue ? Est-il des nôtres ? »
Un cas pas si isolé
Ce choix de Luca Zidane s’inscrit dans une tendance croissante : de plus en plus de joueurs issus de l’immigration choisissent de représenter les pays d’origine de leurs parents ou grands-parents. Le cas de Luca, cependant, est unique en raison du poids symbolique de son nom. Il ne s’agit pas d’un joueur lambda, mais du fils d’un homme qui a incarné, à lui seul, le mythe républicain français.Ce débat, au-delà du football, révèle les tensions persistantes en France autour de l’identité nationale, de l’intégration et du multiculturalisme. En décidant de porter le maillot vert, Luca Zidane a, peut-être sans le vouloir, rouvert des plaies que la France peine encore à cicatriser.
F. A.






