Le 1er juillet 2025, la Banque mondiale a publié sa mise à jour annuelle de la classification des économies mondiales par niveau de revenu pour l’exercice 2026, couvrant la période du 1er juillet 2025 au 30 juin 2026. Comme chaque année, cette révision s’appuie sur le revenu national brut (RNB) par habitant de l’année précédente, exprimé en dollars américains et calculé selon la méthode de l’Atlas.
Dans cette nouvelle cartographie économique, l’Algérie confirme son appartenance à la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, un statut maintenu malgré un contexte économique mondial marqué par la volatilité des prix des matières premières, les tensions géopolitiques et les effets prolongés de l’inflation mondiale. La méthode de l’Atlas utilisée par la Banque mondiale permet de lisser les fluctuations de change et de fournir une mesure plus stable du RNB par habitant. Elle constitue une base de référence essentielle pour définir les seuils de revenu applicables aux 217 économies recensées. Cette année, ces seuils ont légèrement baissé en raison de l’appréciation du dollar américain, ce qui a influencé la position relative de plusieurs pays. Malgré cette révision à la baisse des seuils, l’Algérie maintient sa place dans la tranche supérieure des économies à revenu intermédiaire, ce qui traduit une résilience de ses fondamentaux économiques. Cette classification ne constitue pas uniquement un indicateur statistique : elle conditionne aussi l’accès à certains types de financements internationaux, à des aides techniques et à des dispositifs de coopération ciblés.
Une dynamique mondiale contrastée
L’analyse globale de la Banque mondiale montre que, depuis 1987, la part des pays à faible revenu a chuté de 30 % à 12 %, tandis que celle des pays à revenu élevé a progressé de 25 % à 40 %. Cette tendance reflète, entre autres, une croissance soutenue dans de nombreuses régions en développement, une meilleure intégration dans l’économie mondiale et les effets positifs des politiques publiques de réformes. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la proportion de pays à revenu élevé a grimpé à 35 %, mais la région compte encore trois pays à faible revenu. L’Algérie, avec sa transition industrielle amorcée, sa diversification économique progressive et ses investissements dans l’éducation, l’énergie et les infrastructures, s’inscrit dans cette dynamique de transformation.
Le cas algérien : entre consolidation et ambition
Le maintien de l’Algérie dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire supérieur constitue un signal positif pour les investisseurs et partenaires internationaux. Ce positionnement est le fruit de plusieurs facteurs : amélioration des indicateurs macroéconomiques, stabilité du taux de change, recul de l’inflation, et relative croissance des secteurs non pétroliers. Cette reconnaissance s’inscrit également dans un contexte de réformes structurelles lancées par les autorités, en particulier dans le domaine de la gouvernance économique, du soutien à la production nationale et de la promotion de l’investissement privé. La création de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), la rationalisation des importations et la relance ciblée de certains secteurs (agriculture, tourisme, industrie pharmaceutique) sont autant de leviers qui ont contribué à renforcer la position de l’Algérie dans les classements internationaux.
Des évolutions significatives ailleurs dans le monde
Dans cette nouvelle édition, le Costa Rica fait son entrée dans la catégorie des économies à revenu élevé, grâce à une croissance robuste de son RNB par habitant (+4,3 % en 2024). Cabo Verde et le Samoa progressent également, passant de la tranche inférieure à la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire, portés par le dynamisme du tourisme et des envois de fonds. À l’inverse, la Namibie est le seul pays à régresser dans le classement, en raison d’une baisse de la production minière et d’une révision démographique qui a entraîné une diminution de son RNB par habitant.
Une lecture stratégique pour les décideurs publics
La Banque mondiale invite les gouvernements à s’appuyer sur cette classification pour élaborer leurs stratégies économiques. Comprendre les éléments déterminants du changement de catégorie — qu’il s’agisse de la croissance, de la démographie, de l’inflation ou des taux de change — permet aux responsables politiques de mieux cibler leurs priorités et d’orienter efficacement leurs politiques publiques. Pour l’Algérie, le maintien dans la tranche supérieure des économies à revenu intermédiaire est à la fois une confirmation des progrès réalisés et un appel à intensifier les réformes pour espérer rejoindre, à moyen terme, le cercle des pays à revenu élevé. L’enjeu est désormais clair, consolider les acquis, soutenir l’émergence d’un tissu productif compétitif, et ancrer définitivement l’économie nationale dans la modernité.
Amine Chabouni






