Accord USA-Europe du 27 juillet 2O25: Quels impacts pour l’Algérie où l’Europe s’engage à acheter 25O milliards de dollars/an de produits énergétiques aux USA

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1 ;- Selon les données américaines, en 2024,  les États-Unis ont importé 605,7 milliards de dollars de biens en provenance de l’UE et  l’Europe n’a importé que  370,2 milliards de dollars de biens made in USA, soit un déficit commercial pour les États-Unis de 235,6 milliards. Le 27 juillet 2O25  a été signé un accord  entre le président américain  et la présidente de la Commission européenne où a été décidé    des droits de douane de 15 % au lieu de 30% sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis et ce, sans mesures de réciprocité. En  contrepartie, l’UE s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains (gaz naturel, pétrole et technologie nucléaire) sur une période de trois ans, soit environ 250 milliards de dollars par an, un montant presque équivalent au déficit annuel USA/Europe,  même à un prix supérieur à ses concurrents, et  en plus étant prévu un investissement européen aux USA de 6OO milliards de dollars. Ce montant est réaliste  puisque selon le site energynews.pro  en  2024, la facture énergétique de l’Europe s’est élevée à 800 milliards d’euros, ce qui représenterait une couverture dépassant  les  3O%. Pour l’Algérie  , les taxes qui étaient jusque-là de 18,9 %, sont passées à 30%   en 2024 I les échanges ont été de  3,5 milliards de dollars, les importations en provenance des USA  ayant ont été de 1 milliard de dollars et l’Algérie ayant  exporté vers les États-Unis, pour 2,5 milliards de dollars de biens composés essentiellement d’hydrocarbures- produits pétroliers raffinés ou bruts , des engrais azotés, très accessoirement le ciment, certains produits sidérurgiques et agricoles. Il y a lieu également de  tenir compte de la plainte récente applicable en principe fin juillet 2025 US contre l’Algérie concernant les  exportations d’acier sur le marché américain de quatre pays dont l’Algérie  de deux requêtes déposées par Rebar Trad Action Coalition (RTAC) en droit antidumping et en droit compensateur, cette nouvelle donne risquant  donc de compliquer davantage les affaires des exportateurs algériens, dont l’association américaine estime que le taux de dumping des produits en provenance d’Algérie vacille entre 145,16% à 166,38%

2 ;- L’impact étant forcément limité vis-à-vis des USA , qu’en sera-t-il  pour l’Algérie où l’Europe lui  procurant plus de 65% de ses recettes en devises  après cette décision. ?  En effet,  la majorité des exportations d’hydrocarbures de ‘l’Algérie est en direction  de l’Europe : pour le gaz  ( ratio 3O% GNL-7O% par canalisation) tant en GNL qu’à travers les  canalisations Medgaz  (1O,5 milliards de mètres cubes gazeux) via  l’Espagne et  la plus grande canalisation Transmed  via l’Italie  (capacité 32 milliards de mètres cubes gazeux) mais fonctionnant en sous capacité  entre 22/23 milliards de mètres cubes gazeux, du fait de la forte consommation intérieure  représentant environ 45% des exportations actuelles) . Le marché nature de l’Algérie est l’Europe, en  Afrique existant existant  de nombreux concurrents dont le Nigeria premier réservoir de  gaz naturel  plus de 55OO milliards de mètres cubes gazeux, et la Libye premier réservoir de pétrole, 44 milliards de barils en grande partie contrôle par le maréchal  Khalifa Haftar, sans parler du Moyen Orient,  puisque pour exporter vers ‘l’Asie devant tenir compte des tensions en Mer rouge, il faut contourner toute la corniche de l’Afrique  et ne pouvant pas  être concurrentiel du moins pour le pétrole et le gaz brut et semi brut , devant à l’avenir investir dans la pétrochimie,  avec  de pays proches de l’Asie  notamment la Chine et l’Inde, qui exportent à des prix plus bas  et préférentiels  pour la Russie et l’Iran afin de contourner l’embargo,   comme l’la Russie 35.OOO milliards  de mètres cubes de réserves, l’Iran 32.OOO et le Qatar 2O.OOO, les réserves de ‘l’Algérie étant estimées selon le  dernier forum du gaz tenu à Alger à 24OO milliards de mètres cubes gazeux et 11/12 milliards de barils pour le pétrole. Certes il y a la proximité avec l’Europe réduisant le coût du transport,  mais les Européens sont tenus  d’ appliquer les accords avec les USA,  dans la pratique des affaires n’existant pas  de sentiments, il y a lieu de tenir compte  que l’UE  a annoncé officiellement, le 16 juillet 2025,  la création d’un groupe spécial d’arbitrage  contre l’Algérie invoquant le déséquilibre commercial en sa défaveur en incluant  le volet achat hydrocarbures,  ce qui ne vas pas  sans le comparer aux tensions entre l’Europe et les USA qui  dépasse le cadre strictement commercial  ayant  pour incidences  à façonner l’équilibre géopolitique autour de la Méditerranée via l’Afrique. L’arbitrage auquel a fait recours l’UE repose sur la constitution d’un panel de trois arbitres. L’Union européenne a déjà choisi son représentant, tandis que l’Algérie dispose désormais d’un délai de deux mois pour en proposer un à son tour, le troisième membre  étant sélectionné par le conseil . Cette instance collective aura pour mission d’examiner les points de désaccord et de rendre une décision qui s’imposera tant à l’UE, impliquant toute l’Europe des 27 qu’à l’Algérie  qui sera contraignant et sans appel fin septembre 2025.

3.-Il faut être réaliste et toute bonne gouvernance implique de tenir compte des rapports de force afin d’élaborer  des stratégies d’adaptation. L’Europe des 27 pèse  en 2024 , 17.942 milliards de dollars pour une population 449,2 millions d’habitants ce qui en fait la troisième puissance économique mondiale après les USA  et la Chine  et la deuxième en termes de PIB par  habitant avant la Chine . L’Algérie a un PIB  de 268 milliards de dollars  représentant  1, 5% du PIB européen (moins de 2%)  et  le PIB par tête d’habitant en 2O24 de ‘l’Europe  est de 46.3OO dollars au cours actuel  euros/dollar  et celui de l’Algérie 5.13O dollars soit 11% de celui de l’Europe. L’Algérie comme l’ont démontré les deux derniers rapports tant du FMI que de la Banque mondiale entre  juin et juillet 2025, l’Algérie  est fortement dépendante des recettes des hydrocarbures,  le taux d’intégration des entreprises publiques et privées ne dépassant pas  15%, et toute baisse des importations  sans ciblage paralyse tout l’appareil de production. Sonatrach    procure   98% des recettes en devises y compris les dérivées d’hydrocarbures inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour près de 65/70% évalués à 6,9 milliards de dollars en 2022, 5,01 en 2023 et selon les premières estimations du premier semestre 2024 par l’ONS allant vers 4,3 milliards de dollars en 2024. Cette baisse des recettes  influe par ricochet sur le taux de croissance via la dépense publique  non compensé par un volume conséquent  des IDE , 1,4 milliards de dollars en 2024 selon le dernier rapport de la CNUCED , 16 ème en Afrique, loin de ses potentialités, et sur le  niveau des réserves de change en baisse avec de vives tensions budgétaires du fait   des fortes dépenses 125 milliards de dollars  C’est que , les recettes de Sonatrach sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, à 50 en 2023 , des estimations provisoires entre 43/44 milliards de dollars pour 2024 pour un cours moyen de 75 dollars. Qu’en sera-t-il si le cours moyen pour 2025 est inférieur à 70 dollars , le déficit budgétaire, source d’inflation, prévu pour 2025 étant déjà très élevé étant estimé par la loi de finances 2025 à 61,72 milliards de dollars au cours actuel.

En conclusion, pour l’Algérie , de profondes réformes structurelles s’imposent pour résister à la fois aux nouvelles mutations géostratégiques et aux aléas de la conjoncture internationales dont la réforme des institutions, du système socio-éducatif, du foncier et du système financier dans sa globalité – banques, fiscalité, domaines, douanes et afin d’améliorer la gouvernance , de dynamiser le tissu productif et de réduire sa dépendance  aux hydrocarbures, rente éphémère. L’objectif de la réforme globale est de redonner confiance à la population algérienne, condition de sa mobilisation pour relever les nombreux défis.

Pr  des universités-  Expert international – Dr d’Etat Abderrahmane Mebtoul 

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