Bangladesh: Un blackout téléphonique aux réfugiés rohingyas imposé

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Le Bangladesh a interdit aux fournisseurs de téléphonie mobile de vendre des connexions et des forfaits aux réfugiés rohingyas, minorité musulmane apatride, en invoquant des impératifs de sécurité, ont annoncé hier les autorités.

Plus de 429.000 musulmans rohingyas ont fui au Bangladesh ces dernières semaines pour échapper à une campagne de répression de l’armée birmane, qualifiée d' »épuration ethnique » par l’ONU. Les quatre fournisseurs de téléphonie mobile du Bangladesh se verront infliger des amendes s’ils accordent des forfaits et des connexions mobiles aux réfugiés. « Pour le moment, les (Rohingyas) ne peuvent acheter de cartes SIM », a déclaré Enayet Hossain, haut responsable du ministère des Télécommunications cité par l’AFP. La ministre déléguée aux Télécoms Tarana Halim a justifié cette décision entrée en vigueur samedi soir par des raisons de sécurité. Au Bangladesh, la vente de cartes SIM est déjà interdite aux habitants qui ne peuvent fournir des papiers d’identité afin d’entraver les capacités opérationnelles d’éventuels réseaux terroristes. « Nous avons pris la décision (d’accueillir les Rohingyas) pour des raisons humanitaires, mais en même temps notre propre sécurité ne doit pas être compromise », a déclaré Mme Halim, sans autre précision sur la menace que pourrait représenter les réfugiés rohingyas. D’après les autorités, l’interdiction sera levée une fois que les nouveaux arrivants auront reçu des papiers d’identité biométriques, un processus qui pourrait prendre six mois selon l’armée. C’est une difficulté supplémentaires pour les Rohingygas qui fuient les violences ethniques et les persécutions dans l’Etat Rakhine voisin (ouest de la Birmanie) pour se retrouver à vivre dans des conditions sordides dans des camps du district de Cox’s Bazar, dans l’extrême-sud du Bangladesh. Les centaines de milliers de réfugiés ont été dirigés par l’armée dans une poignée de bidonvilles surpeuplés près de la frontière. De nombreux Rohingyas ont été empêchés de trouver refuge dans la forêt ou sur des terres agricoles par la police et les soldats, qui ont aussi reçu l’ordre de les empêcher de se réfugier dans les grandes villes et les communes avoisinantes. Des barrages routiers ont été érigés sur les routes. D’après la police, 5.100 Rohingyas ont déjà été arrêtés à ces barrages et renvoyés dans les camps. Là, l’absence de vivres, d’eau, d’abris et de toilettes créent une situation de crise humanitaire, selon les ONG. « Nous avons mis en place 11 postes de sécurité sur l’autoroute de Cox’s Bazar pour empêcher les Rohingyas de se répandre vers l’intérieur », a déclaré à la presse le chef de la police de Cox’s Iqbal Hossain.