Lors de la réunion annuelle avec les économistes du Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CREA), le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a exposé une vision ambitieuse pour faire entrer l’Algérie dans le cercle restreint des pays émergents à l’horizon 2027, avec des objectifs chiffrés, des mesures concrètes et une exhortation à l’engagement collectif de tous les acteurs économiques, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Le chef de l’État a annoncé l’entrée dans un « deuxième mandat économique », porteur d’espoir, après avoir « plié la première alliance avec tous ses espoirs et douleurs à cause de la pandémie de Covid-19 ». Il a ainsi fixé un objectif de Produit intérieur brut (PIB) à 400 milliards de dollars d’ici fin 2027.
Un volume d’investissements inédit
Il a révélé que 13 700 projets d’investissement sont actuellement enregistrés, représentant une enveloppe de 6000 milliards de dinars dans la sphère économique. Dans cette dynamique, le président a appelé les économistes à offrir « un cadeau puissant » au pays, remerciant tous ceux qui œuvrent à son essor. Parmi les leviers de croissance identifiés, il a souligné la nécessité de faire passer la contribution de l’industrie au PIB de 13 à 14 %, tout en appelant à changer radicalement le climat industriel, en donnant naissance à une nouvelle génération d’entrepreneurs pour tourner la page du passé marqué par les détournements de fonds et la corruption.
Une jeunesse au centre de la transformation
Le président Tebboune a plaidé pour une confiance totale en la jeunesse algérienne, qui, selon lui, « réalise des exploits » avec « des mains propres de la corruption ». Il a dénoncé les comportements attentistes de certains qui « craignent la prison » et s’enferment dans une posture de « mercenaires et de saboteurs ». Il a par ailleurs accusé ceux qui ont pillé l’argent public et fui à l’étranger de continuer à « protéger leurs intérêts à distance », et fustigé certaines pratiques, comme l’exportation de dattes à 40 dinars, qu’il a qualifiée de « crime contre l’Algérie ».
Réformes structurelles et nouvelles institutions
Dans le domaine de l’investissement, il a mis en avant le rôle central de l’Agence algérienne pour la promotion de l’investissement (API), appelant à libérer l’initiative d’investissement, à « comprendre le concept de guichet unique », et à sortir l’agence de la « terrible contradiction » entre les milliers de projets enregistrés et l’absence de biens immobiliers disponibles pour les concrétiser. Le président a insisté sur le besoin de mettre fin aux conflits et à la violation des lois, tout en regrettant de devoir évoquer le prix des pommes de terre, illustrant l’urgence d’une régulation efficace des marchés. Deux nouvelles institutions ont été annoncées pour fin mai 2025 : Une agence de régulation des importations et une agence dédiée aux exportations. Il a encouragé les opérateurs à créer leurs propres banques privées, affirmant qu’il existe « beaucoup d’argent sous terre » qu’il faut canaliser vers la création d’institutions bancaires.
L’ALGEX, symbole d’un tournant nécessaire
Dans cette optique, le président Tebboune a adressé une critique directe à l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX), qualifiant sa mission de « terminée pour aujourd’hui », et estimant qu’elle « ne se trouvera plus sur le chemin de l’économie productive ». Il a dénoncé les lenteurs bureaucratiques et le manque d’impact de cette institution, tout en appelant à un renouveau des mécanismes d’exportation plus efficaces, transparents et tournés vers les intérêts nationaux.
Diversification économique et souveraineté
Parmi les projets structurants annoncés : l’extension du réseau ferroviaire vers Béchar pour transporter le minerai de fer et d’acier, la production de 41 millions de tonnes de ciment, dont l’exportation devra être « re-régulée », et la réduction de la facture d’importation passée de 60 à 40 milliards de dollars, avec un objectif de baisse supplémentaire. Le chef de l’État a également évoqué les exportations hors hydrocarbures, qui ont atteint 7 milliards de dollars, tout en reconnaissant une légère baisse récente due à des « circonstances subjectives ». Il a appelé les exportateurs à s’organiser à travers une autorité indépendante, garante de la transparence et de la régulation.
Tourisme, agriculture, partenariat international
Le Président Tebboune a évoqué le secteur du tourisme comme un « investissement gratuit » pour ceux qui souhaitent s’y engager, dénonçant au passage les critiques de pays « qui ne disposent pas de nos chiffres économiques vérifiés en Méditerranée ». Il a précisé que l’Algérie a emprunté 1,2 milliard de dollars cette année et atteint 81 % d’autosuffisance en blé dur. Enfin, il a affirmé que l’accord de partenariat avec l’Union européenne est en cours de révision, précisant que l’Algérie ne demande pas l’impossible, mais veut un partenariat équilibré, dans lequel les opérateurs économiques algériens seront pleinement intégrés.






