L’Algérie célèbre le 1er Novembre 2024 le 70eme anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale. La France reconnaît l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet et celle-ci est proclamée le 5 juillet 1962.
Après plusieurs décennies d’indépendance politique, l’Algérie est toujours à la recherche de son destin, une transition inachevée, une économie toujours dépendante de la rente des hydrocarbures bruts et semi brut qui irriguent directement et indirectement la majorité du corps social. Des défis importants l’attendent, avec un monde en plein bouleversement préfigurant d’importantes mutations géostratégiques, entre 2024/2030/2040., où toute Nation qui n’avance pas recule forcément, n’existant PAS de situation statique
1.-Toute politique de développement envisageable sur cette période n’aura de chance d’aboutir que si d’abord l’on tient compte des trajectoires du passé, afin de ne pas renouveler les mêmes erreurs. Cela implique la mise en place de nouvelles institutions débureaucratisées et décentralisées, une refonte de l’État et un consensus social pour la mise en œuvre, ce qui ne saurait unanimisme signe de décadence de toute société, devant tolérer les idées contradictoires positives, tout projet étant forcément porté par les acteurs politiques, sociaux et économiques. D’où l’importance pour l’Algérie de se défaire du mythe de la rente issue des exportations de matières premières brutes et semi-brutes. Autre mythe, celui de l’importance des réserves de change issues de la rente comme signe de développement, méditons l’expérience de la Roumanie communiste de Nicolae Ceausescu, avec une dette nulle, mais une corruption généralisée et une économie en ruine. Rappelons-nous le déclin de l’Espagne pendant plus d’un siècle, après avoir épuisé ses stocks d’or venus d’Amérique, et de tous ces pays riches en minerais mais sous-développés. Il faudra éviter l’illusion d’une richesse issue non du travail, mais d’une rente éphémère. Une nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit, attention donc à la dérive salariale ne pouvant que conduire à la dérive inflationniste qui pénalise les couches défavorisées. Aussi , durant cette de transition conjoncture difficile 2025/2030, la cohésion sociale est vitale, et il faudra tenir compte de la pression démographique, souvent oubliée, étant une véritable bombe à retardement, avec plus d’un million de naissances chaque année, contre environ 600 000 dans les années 2000, devant avoir un taux de croissance minimum de 8/9% par an pour absorber la demande d’emplois additionnelle qui s’ajoute au taux de chômage actuel entre 350 000/400 000 emplois par an. Pour relancer la machine économique, il y a lieu de procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale, tels l’éducation-la formation, le savoir pilier du développement, la santé, la modernisation de l’agriculture, la culture financière des acteurs économiques, l’efficacité de l’administration, la relance des entreprises à travers une nouvelle politique industrielle, lutter contre les déséquilibres régionaux et les inégalités sociales, la formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines. Avec le développement des réseaux sociaux, les partis traditionnels et les sociétés civiles servent de moins en moins d’intermédiation sociale et cela n’est pas propre à l’Algérie: l’opposition est atomisée et les nombreux micro-partis et organisations dites «société civile» peu efficaces pour mobiliser la population, déconnectés de la réalité du nouveau monde. Une profonde restructuration de la société devra s’adapter à la perpétuelle évolution mondiale qu’interne, , n’existant pas de situation statique, car lorsqu’un État émet des règles- mentalité bureaucratique, qui ne correspondent pas à la réalité tant mondiale que de la société, celle-ci émet ses propres règles amplifiant la sphère informelle qui a cru entre 2022/2023 selon les données de la Banque d’Algérie, de plus de 10% , contrôlant fin 2023 plus de 33% de la masse monétaire en circulation.
2. -La prospérité ou le déclin des civilisations de l’Orient et de l’Occident a clairement montré qu’une nation sans son élite est comme un corps sans âme. Les expériences historiques montrent clairement que le régime politique – à ne pas confondre avec l’État, au sens épistémologique du terme – qui est un sous-ensemble du système politique, que les tensions que connaît le système, ou celles qu’il est appelé à connaître, doivent être recherchées dans les dysfonctionnements ou les crises d’autorité qui surgissent périodiquement, et depuis longtemps, au plus haut niveau de l’État. Dans le cadre de la bonne gouvernance, il s’agit d’éviter des dépenses inutiles que l’on voile par de l’activisme reflétant une panne d’idées, habitués à dépenser et non à gérer à partir de normes standards et le principal défi est d’améliorer la gouvernance et de lutter contre la corruption. Je réitère la proposition que j’ai faite en 1983 lorsque je dirigeais les départements des études économiques et des contrats, en tant que haut magistrat, premier conseiller à la Cour des comptes, chargé du contrôle du programme de l’habitat en coordination avec le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Habitat et les 31 walis de l’époque entre 1982/1983 et le dossier des surestaries en relation avec le ministère du Commerce, j’avais proposé à la Présidence de l’époque la numérisation des secteurs clefs afin d’améliorer la gestion et de lutter contre les malfaçons surtout dans le BTPH surfacturations en dinars souvent oubliés , à la fois la mise ne place d’une comptabilité publique de rationalisation des choix budgétaires pour les services collectifs, la comptabilité analytique et des sociétés pour mieux apprécier la performance des entreprises publiques et au niveau de la douane un tableau de la valeur pour permettre l’interconnexion des différents secteurs concernés afin lutter les transferts illicites de capitaux . Par ailleurs, le redressement national devra reposer entre 2024/2030 sur une réelle décentralisation, une réorganisation institutionnelle centrale et locale et une vision stratégique de l’avenir dans le domaine économique, social, culturel, diplomatique, et sécuritaire de l’Algérie à l’horizon 2030 en phase avec la transformation du nouveau monde.
3.- Dans la pratique des affaires, n’existe pas de sentiment mais des intérêts et l’attrait de l’investissement productif , qu’il soit étranger ou national – repose principalement sur huit facteurs:
Premièrement : sur une visibilité dans la démarche socio économique à moyen et long terme, supposant une planification stratégique, évitant des décisions au gré de la conjoncture;
Deuxièmement : de profondes réformes structurelles institutionnelles, macro-et micro- économiques, afin d’attirer les investisseurs créateurs de valeur ajoutée;
Troisièmement : la levée des obstacles bureaucratiques centraux et locaux qui constituent le facteur essentiel du blocage, car trop de procédures alors que l’investisseur agit en temps réel, en fonction des opportunités à travers le monde, et pas seulement en Algérie.
Quatrièmement : la réforme du système financier, les banques publiques accaparant plus de 85% du crédit global octroyé , lieu de distribution de la rente qui n’a pas fait sa mue depuis l’indépendance politique car l’enjeu énorme du pouvoir se limitant à des aspects organisationnels techniques;
Cinquièmement : sur la réforme du système socio-éducatif fondé sur les nouvelles technologies: disposer d’une main-d’œuvre non qualifiée à bon marché n’est plus un atout d’actualité avec l’avènement de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur l’économie de la connaissance;
Sixièmement : sur l’efficacité des start-up: malgré des compétences, elle restera limitée sans une base économique et des institutions efficientes adaptées au digital et à l’intelligence économique, devant éviter de renouveler les résultats mitigés, malgré de nombreux avantages, de tous ces organismes dédiés à l’emploi des jeunes;
Septièmement : résoudre l’épineux problème du foncier, car actuellement le mètre carré est trop cher et souvent les autorités attribuent du terrain sans viabilisation ni utilités: routes, téléphone, gaz, électricité;
Huitièmement : assurer la stabilité juridique et monétaire, ces changements perpétuel de cadres juridiques et les dévaluations successives du dinar freinant l’investissement productif.
Quelle conclusion tirer? Évitons cette vision du tout-sinistrose. Ceux qui affirment que rien n’a été réalisé depuis l’indépendance versent dans le dénigrement politique. Mais il convient de reconnaître qu’existe encore des poches de pauvreté et une répartition inégalitaire du revenu national, ainsi qu’une non-maîtrise de la gestion avec des surcoûts exorbitants, et la corruption qui gangrène le corps social. De 1963 à ce jour, contrairement à certaines analyses malveillantes, depuis l’indépendance politique l’Algérie a connu d’importantes réalisations, mais également des imperfections qu’il s’agit de corriger. Quelle était la situation de l’économie, de l’éducation, des infrastructures, des branchements en gaz et électricité, en 1962 avec une population de 11,62 millions d’habitants, dont 95% d’analphabètes, plus de 80% vivant dans des taudis. Il ne s’agit pas de renier les traditions positives qui, moulées dans la trajectoire de la modernité, peuvent être facteurs de développement. Depuis fort longtemps et pas seulement durant la période actuelle, l’Algérie semble chavirer un moment et reprendre avec hésitation ses équilibres à un autre moment. Pourtant, au-dessus de tout, l’Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie. La nouvelle configuration politique, pour aller vers une nouvelle République, doit prendre en charge tant les mutations internes de la société algérienne que la nouvelle architecture des relations internationales, et tenir compte de notre histoire car l’histoire est le fondement de la connaissance et de l’action future.