Nous assistons à une nouvelle reconfiguration tant des relations géostratégiques avec la percée des BRICS représentant avec les nouvelles adhésions 30% du PIB mondial que des politiques économiques, devant éviter les télématiques du passé que quand le bâtiment va tout va ou les matières premières, les industries mécaniques classiques sont le moteur du développement
1.-La mondialisation dans sa version contemporaine, tenant compte des nouvelles mutations sociales, devant éviter toute approche économiciste respective, renvoie non seulement à des interactions internationales d’ordre économique mais aussi à des interactions de type religieux et culturel, politique idéologique et militaire, préfigurant d‘importants bouleversements géostratégiques, tenant compte du futur défi écologique ( notre intervention et toute Nation devra s’y adapter si elle veut éviter sa marginalisation. C’est pourquoi toute stratégie d’adaptation ou de réponse à ce phénomène doit embrasser l’ensemble de ses composantes et de ses manifestations, impliquant une participation volontaire et active à l’ordre international en construction. Le processus de mondialisation non encore achevé est un rapport social complexe, produit historique du développement du capitalisme ce qui implique de connaître les enjeux et les règles du jeu de cette mutation. Face à ce mouvement et cette dynamique, où l’accumulation en ce XXIème siècle se fonde sur le savoir et l’entreprise dominée par des segments personnalisés et les producteurs de symboles, toute stratégie de non adaptation d’un pays ferait qu’il deviendrait spectateurs d’une pièce de théâtre qui se jouerait sans lui. Ce n’est plus le temps où la richesse d’une Nation s’identifie aux grandes firmes des Nations, les grandes firmes ayant été calquées sur l’organisation militaire et ayant été décrites dans les mêmes termes : chaîne de commandement, classification des emplois, portée du contrôle avec leurs chefs, procédures opératoires et standards pour guider tous les dossiers. Tous les emplois étaient définis à l’avance par des règles et des responsabilités pré-établies. Comme dans la hiérarchie militaire les organigrammes déterminent les hiérarchies internes et une grande importance était accordée à la permanence du contrôle, la discipline et l’obéissance. Cette rigueur était indispensable afin de mettre en œuvre les plans avec exactitude pour bénéficier des économies d’échelle dans la production de masse et pour assurer un contrôle strict des prix sur le marché. Comme dans le fonctionnement de l’armée, la planification stratégique demandait une décision sur l’endroit où vous voulez aller, un suivi par un plan pour mobiliser les ressources et les troupes pour y arriver. A l’ère mécanique totalement dépassée, la production était guidée par des objectifs préétablis et les ventes par des quotas déterminés à l’avance. Les innovations n’étaient pas introduites par petits progrès, mais par des sauts technologiques du fait de la rigidité de l’organisation. Au sommet de vastes bureaucraties occupaient le rectangle de l’organigramme, au milieu des cadres moyens et en bas les ouvriers. L’enseignement, du primaire au supérieur en passant par le secondaire, n’était que le reflet de ce processus, les ordres étant transmis par la hiérarchie, les écoles et universités de grandes tailles pour favoriser également les économies d’échelle. .. Avec la prédominance des services qui ont un caractère de plus en plus marchand contribuant à l’accroissement de la valeur ajoutée, la firme se transforme en réseau mondial, étant impossible de distinguer les individus concernés par leurs activités, qui deviennent un groupe diffus, répartis dans ce village mondial, dominé par des réseaux croisés consommateurs/producteurs, transformant le système d’organisation à tous les niveaux, politique, économique et social.
2.-Une nouvelle organisation tant des institutions que des entreprises est en cours d’émergence montrant les limites des anciennes organisations. Nous assistons au passage successif de l’organisation dite tayloriste marquée par une intégration poussée, à l’organisation divisionnelle, puis matricielle qui sont des organisations intermédiaires et enfin à l’organisation récente en réseaux où la firme concentre son management stratégique sur trois segments : la recherche développement (cœur de la valeur ajoutée), le marketing et la communication et sous traite l’ensemble des autres composants. Et ce avec des organisations de plus en plus oligopolistiques, quelques firmes contrôlant la production, la finance et la commercialisation tissant des réseaux comme une toile d’araignée. Les firmes ne sont plus nationales, même celles dites petites et moyennes entreprises reliées par des réseaux de sous traitants aux grandes. Les firmes prospères sont passées de la production de masse à la production personnalisée (Pr Reich ex secrétaire d’Etat US). Ainsi, les grandes firmes n’exportent plus seulement leurs produits mais leur méthode de marketing, leur savoir-faire sous formes d’usines, de points de vente et de publicité. Parallèlement à mesure de l’insertion dans la division internationale du travail, la manipulation de symboles dans les domaines juridiques et financiers s’accroît proportionnellement à cette production personnalisée. Indépendamment du classement officiel de l’emploi, la position compétitive réelle dans l’économie mondiale dépend de la fonction que l’on exerce. Au fur et à mesure que les coûts de transport baissent, les produits standards et de l’information qui les concernent, la marge de profit sur la production se rétrécit en raison de l’absence de barrières à l’entrée. En ce XXIe siècle, la production standardisée se dirige inéluctablement là où le travail est le moins cher, le plus accessible et surtout bien formé. La qualification devient un facteur déterminant. L’éclatement des vieilles bureaucraties industrielles en réseaux mondiaux leur a fait perdre leur pouvoir de négociation expliquant également la crise de l’Etat providence avec le surendettement des Etats.. Ce qui explique que certains pays du Tiers Monde qui tirent la locomotive de l’économie mondiale se spécialisent de plus en plus dans des segments nouveaux, préfigurant horizon 2025/2030/2040 de profonds bouleversements géostratégiques dont la dominance des nouvelles technologies à travers l’intelligence artificielle qui bouleversera toutes les anciennes organisations et également un nouveau modèle de consommation énergétique reposant sur un MIX énergétique. Les emplois dans la production courante tendent à disparaître comme les agents de maîtrise et d’encadrement impliquant une mobilité des travailleurs, la généralisation de l’emploi temporaire, et donc une flexibilité permanente du marché du travail avec des recyclages de formation permanents étant appelés à l’avenir à changer plusieurs fois d’emplois dans notre vie. Ainsi, apparaissent en force d’autres emplois dont la percée des producteurs de symboles dont la valeur conceptuelle est plus élevée par rapport à la valeur ajoutée tirée des économies d’échelle classiques, remettant en cause les anciennes théories et politiques économiques héritées de l’époque de l’ère mécanique comme l’ancienne politique des industries industrialisantes calquée sur le modèle de l’ancien empire soviétique alors que le XXIe siècle est caractérisée par la dynamisme des grandes firmes mais surtout les PMI/PME consacrant un budget à la recherche développement, reliés en réseaux à ces grandes firmes. Les expériences allemandes et japonaises, chacune tenant compte de son anthropologie culturelle, est intéressante à étudier, se fondant sur un partenariat, grandes firmes/PME/PME.
En conclusion, avec ces profonds bouleversements, nous devrions assister inévitablement une recomposition du pouvoir économique mondial et une nouvelle reconfiguration des relations internationales où Afrique via la Méditerranée avec des richesses colossales, qui représentera entre 2040/2050 un quart de la population mondiale est interpellé pour une stratégie d’adaptation. (voir notre intervention à l’Académie de Géopolitique de Paris qui a organisé le 14 novembre 2023 et avec le concours de l’Institut de recherche, d’innovation et de prospective méditerranéen, un colloque sur la Méditerranée, le berceau de nos civilisations, aujourd’hui au centre de toutes les conflictualités).L’objectif stratégique pour l’Algérie est de redonner confiance aux citoyens en instaurant un Etat de Droit, évitant l’européo- centrisme en tenant compte de sa riche anthropologie culturelle Encore que je voudrai nuancer toute vision tranchante, au vu des expériences historiques , la démocratie étant le but suprême. Car , il s’agit de ne pas confondre Etat de droit et démocratie. Il faut éviter de vouloir plaquer des schémas importés sur certaines structures sociales car l’enseignement universel que l’on peut retirer est qu’il n’existe pas de modèle universel. Mais la seule façon de se maintenir au temps d’une économie qui change continuellement, c’est d’avoir une relation avec l’environnement national et international, en mettant en place progressivement les mécanismes véritablement démocratiques qui ont un impact sur l’accumulation des connaissances internes . Le passage de l’État de « soutien contre la rente » à l’Etat de droit « basé sur le travail et l’intelligence » est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat. Concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, la maîtrise du temps est le le principal défi de l’Algérie en cette ère de profondes mutations mondiales.