L’Algérie la batterie de l’Europe: Face à la concurrence et aux mutations mondiales, les sept axes de la transition énergétique 2025/2030/2035

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A national flag of Algeria flies near the Bay of Algiers with the old town of the capital known as the "Kasbah" (L) and cargo containers (R) in Algiers on August 25, 2022. (Photo by Ludovic MARIN / AFP) (Photo by LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

Pour rappel, en janvier 2020, le groupe Sonatrach avait signé  un contrat   avec un groupement composé de Tecnicas Reunidas (Espagne) et Samsung Engineering (Corée du Sud) pour la réalisation d’une raffinerie de pétrole au niveau de Haoud El Hamra à Hassi Messaoud. Ce contrat, d’un montant de 440 milliards de DA (quelque 3,3 milliards de dollars  au cours  de 137 dinars un dollar ), portait sur la réalisation d’une raffinerie de pétrole brut à conversion profonde d’une capacité de 5 millions de tonnes/an.

Le projet devait être exécuté en EPC dans un délai de 52 mois et la  livraison du projet était  prévue en mars 2024, avec deux ans de garantie, soit mars 2026 pour la réception finale . Cela devait   permettre à l’Algérie de renforcer sa production nationale de carburants et lubrifiants et dégager des volumes éventuels pour l’export.  Plus précisément, selon les données de Sonatrach, la raffinerie aura spécifiquement vocation à produire sept produits à la norme Euro 5:  propane  (127 000 tonnes par an), butane  (180 000 tonnes/an), essence NO 95  (352 000 tonnes/an),  essence NO 91 (1 373 000 tonnes/an), kérosène  (228 000 tonnes/an), gasoil  (2 659 000 tonnes/an) et bitume   (134 000 tonnes/an). En 2022,  52% des produits issus des raffineries sont destinés pour couvrir les besoins du marché national, notamment en GPL, Essence, Gasoil et Lubrifiants, le  reste de la production des raffineries est destiné à l’export comme le Naphta, le Fuel-oil et les Aromatiques. La consommation nationale de carburant s’est élevée à près de 17,7 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 3% par rapport à l’année 2021, devant atteindre les 41 millions de tonnes en 2050, avec une hausse de 3 millions de tonnes par an. La consommation de diesel a atteint 10,1 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 4% par rapport à 2021 alors que la  production de diesel est de 9 millions de tonnes par an, la production devant être portée à 12,5 millions de tonnes à l’horizon 2030. Avec l’entrée en production du projet de transformation du fioul en diesel à Skikda en 2028, la production  devrait être  de près de 4 millions de tonnes. Pour ce qui est de l’essence,  la consommation a baissé de 2,26% à 3,3 millions de tonnes en 2022, contre 3,4 millions de tonnes en 2021  du fait de l’accroissement de la consommation du GPLc qui devrait atteindre 6,8 millions de tonnes d’ici 2050,  la capacité de production de ce carburant étant estimée en 2022  à 4 millions de tonnes par an, la consommation du GPLc,, selon  le président de l’ARH étant de  1,5 million de tonnes en 2022, contre 1,2 millions de tonnes en 2021,  S’agissant de la consommation du kérosène, elle a atteint 468.000 tonnes en 2022 contre 297.000 tonnes en 2021, soit une hausse de 58%, la consommation du carburant marin étant de 219.000 tonnes . La   consommation du butane et du propane a été de  1,34 million de tonnes en 2022 et la  consommation du bitume 619.000 tonnes en 2022, en baisse de 20%. D’une manière générale, la politique des carburants doit s’inscrire dans le cadre  de la nouvelle politique énergétique  dont une transition énergétique successive maîtrisée ( sur la stratégie énergétique disponible du Youtube différents interviews récents du Pr Abderrahmane Mebtoul   – 9 janvier 2023 9h30  sur la Radio publique gouvernementale en langue française –  – Ifrikya FM- ENRS –  la stratégie gazière mondiale et son impact sur l’Afrique  –  interview Pr Abderrahmane Mebtoul 06/01/2023 Radio Algérie Internationale en langue arabe  Le sommet des pays exportateurs de gaz  à Alger du 29 février au 02 mars 2024 : quelle stratégie pour l’Algérie ?  –  interview El Watan Web Le Point VIP spéciale transition énergétique). Car   une très forte baisse  des carburants qui parfois  ne couvrent pas  les coûts  (exemple Sonelgaz pour l’électricité). Le  quatrième  axe est le développement des énergies renouvelables. L’Algérie disposant  d’abondantes sources d’énergies renouvelables, solaires (plus de 3 000 heures de soleil par an) et éoliennes, qui lui permettent de devenir un leader mondial dans la production de l’énergie propre, pour la consommation locale ( le Ministère de l’Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de la couverture du marché intérieur étant fin 2022 entre 1/2% ) mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Le Ministère  de l’Energie s’est engagé à promouvoir les énergies renouvelables, ce qui consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030, dont 12 000 MW pour le marché national algérien, et avec une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000MW. Les unités de dessalement d’eau  fortes consommateur d’énergie  doivent être alimentées par l’énergie renouvelable Cependant, il reste à mobiliser un financement  estimé entre 50/70 milliards de dollars pour atteindre ces objectifs. Le  cinquième   axe est le développement de l’hydrogène vert, bleu et blanc Sonatrach dans le cadre du Mix énergétique  entend axer sa politique sur la diminution des gaz torchés , la réduction de l’empreinte carbone,  être un acteur efficace au sein de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, ainsi que de l’hydrogène vert , en précisant que des contrats ont eu lieu avec   le partenaire ENI, afin de mener des projets pilotes pour l’hydrogène vert et les biocarburants, ainsi que la Signature d’un MoU avec la société allemande VNG AG pour la réalisation des projets d’hydrogène vert et d’ammoniac . L’Algérie se propose, selon le Ministère de l’Energie, d’investir de 20 à 25 milliards de dollars à l’horizon 20242040 autour de l’hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert, d’ici à 2040.. Le sixième  axe est que l’Algérie entend construire sa première centrale nucléaire  à des fins pacifiques en accord avec l’AIEA et ce pour faire face à une demande d’électricité galopante, l’institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d’une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère de l’Énergie. Mais existe une autre option: le pétrole/gaz de schiste. Enfin , le septième axe est l’ option du gaz de schiste en rappelant que c’est grâce à cette ressource que les USA sont devenues  entre 2022/2023  le plus grand producteur mondial avant la Russie et l’Arabie Saoudite. Cette option a été introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures mais avec des gardes fous, la protection de l’environnement et de l’eau. Je rappelle que le président de la république et le premier ministre ont tenu à souligner que l’Algérie est à l’ère de l’exploration, et l’exploitation qui ne verra pas le jour  sous réserve du respect de l’environnement et de la rentabilité(le coût du forage d’un puits étant estimé en Algérie entre 15/20 millions de dollars contre 5/7 aux USA). Le problème stratégique de l’Algérie est d’éviter des débats stériles étant une opportunité mais l’énergie étant  donc au cœur de la sécurité nationale  devant évaluer également les risques passant par la formation et renvoyant globalement à la gouvernance. Concernant ce dossier, l’agence américaine sur l’Energie a estimé que le Monde aurait environ 207 billions de mètres cubes réparties comme suit : la Chine 32, l’Argentine 23, l’Algérie 20, les USA 19, le Canada 16, le Mexique 15 ; l’Australie 12, l’Afrique du Sud 11, la Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes. Les gisements de gaz de schiste en Algérie sont situés essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. À ce titre, il est souhaitable qu’une institution indépendante soit créée, relevant non d’un département ministériel, évitant d’être juge et partie, mais du président de la République ou du premier Ministre associant la société civile, de toutes les régions concernées, des experts indépendants, des représentants du Ministère de l’Energie et d’autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. En résumé, l’Algérie ambitionne de devenir la batterie de l’Europe, un important fournisseur de gaz pour de nombreux pays européens notamment l’Italie, l’Espagne , le Portugal, l’Allemagne , la Turquie et la France, ambitionnant  de renforcer sa position  entre 2025/2030  où existent des contrats d’entente entre l’Algérie et l’Union européenne.

Professeur des Universités, docteur d’Etat 1974, expert international, Abderrahmane Mebtoul

(suite et fin)

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