Face aux convoitises des grandes puissances, les différents trafics au niveau de la région sahélienne et leurs impacts sur la sécurité et le développement: «L’avenir de l’Afrique au sein de l’économie mondiale»

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2.-L’espace sahélien et les  différents trafics

Les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l’Europe et notamment la pénétration de l’islamisme radical à ne pas confondre avec l’Islam religion de tolérance à l’instar du judaïsme ou du christianisme. Et sans oublier qu’existent des influences religieuses autour de la conception de l’Islam qui influence largement les dirigeants politiques au niveau du Sahel. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime Libye et les tensions au Mali. De plus en plus nombreux, des migrants subsahariens s’installent désormais dans les pays du Maghreb avec l’intensification de la contrebande. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l’un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, ce pays n’ayant jamais eu d’Etat au sens hegelien du terme, le pouvoir  s’étant appuyé sur des relations tribales, , des centaines de milliers, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparé par de différents groupes qui opèrent au Sahel. D’où l’urgence  de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l’ensemble des pays de la zone en plus des institutions internationales et des grandes puissances, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d’armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale surtout récemment avec la venue de djihadistes d’Irak et de Syrie. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. Sur le court terme, les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l’Algérie des dépenses supplémentaires s’expliquant en partie par l’insécurité régionale, d’où l’importance à l’avenir de mutualiser les dépenses afin de ne pas freiner le développement. Ce qui m’amène à analyser les différents trafics aux frontières au nombre de sept.

Premièrement, nous avons le trafic de marchandises . Pour l’Algérie par exemple, , existent des trafics de différentes marchandises subventionnées comme le lait et la farine achetés en devises fortes, le trafic de carburant représenterait un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, c’est énorme. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins. Mais le trafic important est celui  de faux médicaments générant environ  200 milliards de dollars de retombées économiques par an, contre 75 milliards en 2006, rapportant  jusqu’à 500 fois leur mise initiale aux mafias du faux médicament, selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments. En cinq ans, le nombre de signalements d’incidents liés à la prise de médicaments contrefaits a augmenté de 60%, selon le Pharmaceutical Security Institute, une ONG de santé publique. La copie touche toutes les sortes de médicaments : les « princeps », qui sont couverts par un brevet, aussi bien que les génériques, les molécules les plus coûteuses des traitements contre le cancer aussi bien que des antidouleurs très abordables. Et le médicament le plus contrefait reste le Viagra, la petite pilule bleue de Pfizer. Avec des conséquences sanitaires gravissimes : plusieurs centaines de milliers de personnes périssent dans le monde chaque année à cause de faux médicaments.     Deuxièmement, nous   avons le  marché «noir» des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché «blanc» puisque, rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde.  Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d’armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d’armes s’effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics  Sur un total  des dépenses militaires mondiales s’élève à 2443 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 6,8 % par rapport à 2022, le  marché international du trafic d’armes est évalué à 1 200 milliards de dollars par an.    Troisièmement, nous avons la montée en puissance du trafic de drogue où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Dans le monde chaque année, le chiffre d’affaires du trafic de drogue s’élève à près de 250 milliards de dollars, un chiffre légèrement inférieur, le trafic de drogue en France étant évalué à   trois milliards d’euros de chiffre d’affaires.    Quatrièmement, nous avons la traite des êtres humains qui est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l’exploitation sexuelle ou à l’exploitation par le travail à ne confondre avec les flux migratoires  encore qu’existent des liens. Mais contrairement à une idée faussement répandue véhiculée par les pays développés, qui d’ailleurs pompent l’élite de l’Afrique, la vidant de sa substance, l’ampleur de la migration circulaire au sein du continent africain dépasse de loin celle de la migration internationale ; plus de 80 % des réfugiés africains ayant  trouvé asile dans d’autres pays africains. Selon  le Rapport sur la migration en Afrique 2021 de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, l’Afrique australe devant  connaître la plus forte augmentation de la mobilité transfrontalière avec entre 200 000 et 800 000 personnes susceptibles de se rendre dans un pays voisin d’ici 2050. Mais la  migration la plus importante en Afrique a toujours lieu à l’intérieur des pays, le plus souvent des zones rurales vers les zones urbaines . Cela est accentué par  les  conflits internes , comme par exemple en 2023 du conflit entre factions militaires au Soudan qui a entraîné six millions de déplacements et bien d’autres pays comme  en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et en Somalie. Le changement climatique qui serait selon l’ONU à l’origine de 10% de l’ensemble des  migrations transfrontalières en Afrique  d’ici le milieu du siècle,  a entraîné une réduction de 34 % de la croissance de la productivité agricole    en Afrique subsaharienne depuis 1961 ; ce qui contribue à une insécurité alimentaire sans précédent sur le continent ces dernières années les rapports internationaux estimant  que 35 % de la population de l’Afrique subsaharienne vit dans la pauvreté, ce qui crée une pression énorme sur les membres des ménages ayant un revenu pour qu’ils trouvent un emploi afin de répondre aux besoins essentiels.  Quant au   trafic de migrants, c’est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. En soulignant que  les transferts de fonds vers le pays d’origine généralement pauvre  et en incluant les travailleurs légaux le  montant officiel des envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire s’est élevé à environ  à 860 milliards de dollars en 2023, mais  les revenus criminels générés par le trafic des êtres humains  sont estimés à  10 milliards de dollars/an rien que le long des deux routes principales utilisées pour ce trafic – respectivement de l’Afrique de l’Est, du Nord et de l’Ouest vers l’Europe et de l’Amérique du Sud vers l’Amérique du Nord, et que le  montant global dépasserait les 32 milliards de dollars .Selon, l’ONU, le   trafic  de migrants, en tant que forme de criminalité organisée, toucherait 49,6 millions de personnes dont 70%  de femmes, permettant un gain   3 milliards de dollars par an  et que    la traite  des êtres humains fait chaque année des millions de victimes dans le monde, avec un profit annuel estimé à 32 milliards de dollars  par  Grow Think Tank  Cinquièmement, nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflits). La  criminalité environnementale concerne également  le trafic d’espèces sauvages et de bois et on  estime la valeur totale entrant sur le marché à environ 100 millions de dollars par an.   Sixièmement , nous avons la cybercriminalité, qui est liée à la révolution dans le domaine des systèmes d’information et peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu’économique. Il englobe plusieurs domaines exploitant notamment de plus en plus internet pour dérober des données privées, accéder à des comptes bancaires et obtenir frauduleusement parfois des données stratégiques pour le pays. Le numérique a transformé à peu près tous les aspects de notre vie, notamment la notion de risque et la criminalité, de sorte que l’activité criminelle est plus efficace, moins risquée, plus rentable et plus facile que jamais. Selon Cybercriminalité,   les individus ont perdu  entre 208/2019 perdent 318 milliards de dollars chaque année à cause de la cybercriminalité. Plus de 71 millions de personnes en sont victimes par an Globalement, on estime que le coût des cyberattaques en 2025 dépassera les 1000 milliards de dollars (9.3 billions d’euros), selon Cybersecurity Ventures   favorisé par  l’intelligence artificielle. Ainsi, le  coût moyen d’une atteinte à la protection des données des PME peut varier entre 120 000 et 1.24 millions de dollars (110 000 euros et 1,15 million d’euros). Les recherches menées par la société de données blockchain ont permis  de constater qu’en 2023, les crypto-criminels ont réussi à blanchir 22,2 milliards de dollars de gains illicites contre le record absolu de 31,5 milliards de dollars en 2022.  Septièmement, en synthèse de tous ces trafics, nous avons le blanchiment d’argent qui est un processus durant lequel l’argent gagné par un crime ou par un acte illégal est lavé. Il s’agit en fait de voiler l’origine de l’argent pour s’en servir après légalement. Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Offshore) permettent de cacher l’origine de l’argent. Le blanchiment d’argent est une pratique qui permet aux criminels de s’enrichir en finançant des activités illégales telles que les ventes d’armes et de stupéfiants, le trafic d’êtres humains, la contrebande, les malversations, les délits d’initié, la corruption et les opérations frauduleuses. Outre les groupes criminels organisés, les blanchisseurs d’argent professionnels ont pour vocation de fournir des services de blanchiment pour le compte de tiers.    Même si l’ampleur du blanchiment d’argent dans le monde est difficile à évaluer, ces opérations représentent entre 2 et 5% du PIB total mondial  selon  l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC).  Selon  une  enquête réalisée en 2020 ,  du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), déjà à l’origine des Panama Papers, les grandes banques mondiales auraient participé au blanchiment de 2000 milliards de dollars  pendant plus de deux décennies.  La mise en circulation des fonds blanchis dans le système financier légal s’effectue par le biais d’un processus de blanchiment d’argent généralement organisé en trois étapes, à savoir : premièrement, le  placement  : l’argent sale est introduit dans le système financier ; deuxièmement,  l’ empilement  : les fonds illicites circulent pour dissimuler leur origine  et troisièmement, l’ intégration/l’extraction  : l’argent est réintroduit dans l’économie légitime via des investissements « propres » .   Tenant compte de nos analyses précédentes, qui interpellent tant la communauté internationale que les dirigeants de l’Afrique où en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté à  due à une répartition inéquitable des richesses mais aussi à la gouvernance, des plus discutable, qu’exercent les élites politiques des pays du continent Afrique, je préconise   dix actions afin de régénérer le continent Afrique dont le fondement est une bonne gouvernance et la valorisation du savoir

A suivre

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