Dans un message à l’occasion du 8 mai 1945, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, amis en avant l’intérêt de l’Etat pour la question de la mémoire, précisant que «nous nous remémorons les massacres du 8 mai 1945 commis par le colonisateur avec une extrême brutalité et cruauté pour réprimer un mouvement national militant grandissant ayant abouti à des manifestations massives exprimant la révolte du peuple algérien et son aspiration à la liberté et à l’émancipation. Ce fut, alors, l’annonce retentissante de l’imminence du déclenchement de la lutte armée le 1er novembre 1954 ».
« Des scènes horribles qui incarnent un moment historique décisif ayant transformé les luttes du mouvement national au fil des décennies en affrontement armé, dirigé par la suite par des hommes imprégnés de l’esprit militant qui ont déclenché la guerre de libération et l’ont mise dans la rue pour la voir portée par tout un peuple », a-t-il souligné.«L’intérêt de l’Etat pour la question de la mémoire repose sur l’appréciation de la responsabilité nationale dans la préservation du legs glorieux des générations et découle de la fierté de la nation de son passé honorable, mais aussi des immenses sacrifices du peuple dans l’histoire ancienne et moderne de l’Algérie, en vue de repousser les convoitises et barrer la route aux ennemis qui n’ont eu de cesse de tenter d’avoir raison de son unité et de sa force leur filiation continue, à ce jour, de cibler notre pays ».Le dossier de la mémoire « est inaliénable et imprescriptible, et ne peut faire l’objet de concession ou de marchandage. Il restera au centre de nos préoccupations, jusqu’à ce qu’il jouisse d’un traitement objectif, audacieux, qui rende justice à la vérité historique », a ajouté le chef de l’Etat.« Tout en soulignant notre orientation vers l’avenir, dans un climat de confiance, je considère que la crédibilité et le sérieux sont une revendication fondamentale en vue de parachever les mesures et les démarches inhérentes à ce dossier sensible et délicat et à ce qu’il représente pour le peuple algérien fier de son long parcours militant national et de sa lutte armée», a-t-il encore relevé.En dépit des générations successives, le peuple algérien n’oubliera pas ces crimes contre l’Humanité et cette douloureuse page de son histoire, au moment où l’ancien colonisateur s’obstine à ignorer les crimes commis à l’encontre des Algériens et à renier son passé colonial. »Fidèle aux sacrifices incommensurables consentis par le peuple algérien, l’Etat est résolu, dans l’Algérie nouvelle, à mettre le dossier de l’histoire et de la mémoire sur une voie qui nous assurera la transparence, l’intégrité et l’objectivité totales, loin de toute concession ou marchandage », avait affirmé le président de la République dans une précédente occasion, lors de laquelle il avait exprimé « sa détermination résolue à défendre le droit du peuple algérien, en intensifiant les démarches pour traiter, avec courage et équité, la question de l’histoire et de la mémoire, tout en veillant à conférer la transparence nécessaire à ce dossier sensible ».
Dans cette optique, il avait souligné l’importance de la mission confiée à la commission mixte des historiens des deux pays pour traiter toutes les questions, dont celles relatives à la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants et aux essais nucléaires et aux disparus ».
L’histoire demeure témoin de l’atrocité des massacres odieux commis par les bourreaux du colonisateur, montrant à l’opinion publique mondiale, le véritable visage de la France coloniale.
Cet épisode tragique de notre histoire a balisé la voie à l’internationalisation de la cause algérienne et son inscription à l’Assemblée des Nations Unies, tout en démontrant aux Algériens l’impératif de la lutte armée contre les forces du mal qui n’ont jamais respecté leurs promesses. Alors que les Français célébraient, en mai 1945, la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de milliers d’Algériens sont descendus dans les rues de Sétif, Kherrata, Guelma et d’autres villes pour réclamer pacifiquement l’indépendance de l’Algérie promise par la France, mais le gouvernement français avait riposté avec violence et brutalité, faisant 45.000 martyrs.
L’armée française a utilisé des fours à chaux pour se débarrasser des corps sans vie des victimes, transportant des personnes dans des camions pour les jeter dans les oueds ou les exécuter en dehors des villes et les enterrer ensuite dans des fosses communes.
L’universitaire et historien français, Olivier Le Cour Grandmaison a regretté « le silence de la France » sur les massacres du 8 mai 1945, soulignant que les « descendants de ces victimes attendent toujours la reconnaissance de ces crimes » par la France.
Dans une tribune publiée, il y a quelques années, sur « l’aventure coloniale de la France », les intellectuels François Gèze, Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio avaient estimé qu’il restait pour les plus hautes autorités de l’Etat français « bien des choses » à dire pour « reconnaître les massacres du 8 mai 1945 en Algérie ». Pour leur part, les participants à une conférence sur les massacres du 8 mai 1945, organisée, hier, par l’université d’El Affroun (Blida), ont noté que cette date est une halte importante pour commémorer les sacrifices des Algériens durant 132 ans et rappeler la barbarie du colonialisme.
Les historiens et professeurs participants à cette conférence, placée sous le slogan « Pour que nul n’oublie » et à laquelle a pris part l’ambassadeur de l’Etat de Palestine en Algérie, Fayez Abu Aita, ont assuré que l’attachement des autorités supérieures du pays à commémorer annuellement ces massacres expriment une « reconnaissance et une fidélité » à la mémoire des milliers d’Algériens massacrés par l’armée coloniale et de victimes tombées au champ d’honneur pour l’indépendance du pays. Cette date est aussi une halte pour rappeler et dénoncer la barbarie du colonialisme français, qui a massacré, lors des manifestations pacifiques du 8 mai 1945, plus de 45.000 Algériens, ont-ils ajouté.
Le recteur de l’université d’El Affroun, le Pr. Adel Mezough, a indiqué que la commémoration de ces massacres est l’occasion de rappeler les glorieuses pages de notre histoire qui renforcent le sentiment de fierté d’être algérien ».
« Ces événements douloureux, ayant constitué un tournant décisif dans l’histoire de la lutte contre le colonialisme, ont appris aux Algériens que ce qui a été pris par la force doit être repris par la force, ils furent le point de départ de la préparation de la lutte armée et du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954 », a-t-il insisté.
Le Pr. Mezough n’a pas manqué de faire le parallèle entre l’agression sioniste contre la Palestine et ce qu’a vécu le peuple algérien durant le colonialisme français, affirmant que ce qui se passe en Palestine n’est pas un « conflit arabo-sioniste ou judéo-musulman comme présenté par certains medias étrangers, mais il s’agit plutôt de spoliation d’un peuple de sa terre et de ses richesses ».
T. Benslimane