La leçon pour l’Algérie du dernier sommet des BRICS, les 22/24 aout 2023, en Afrique du Sud

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Concernant les exportations hors hydrocarbures, le fondateur de la statistique moderne, Morgenstern, dans plusieurs de ses importants ouvrages sur la recherche opérationnelle, a attiré l’attention sur le danger de de la manipulation des statistiques et surtout a insisté sur leur véracité et leur cohérence afin d’éviter des dérives des politiques économiques.

Aussi, pour les exportations hors hydrocarbures selon les statistiques douanières pour 2022 nous avons la structuré suivante :-chimie, pétrochimie et dérivées d’hydrocarbures…4248,09 millions de dollars, médicaments et produits pharmaceutique, 3,61, matériaux de construction(ciment rond à béton, 1017,43, métallurgie/sidérurgie, 423,40 ; plastiques, caoutchouc, verre, 172,00 ; autres secteurs industriel, 415,12 ; produits agro-alimentaires, 149,69 ; produits agricoles 103,68 ; millions de dollars soit au total au 31/12/2023, 6,533 milliards de dollars. Plus précisément, d’après un responsable du ministère du Commerce cité par l’APS, les exportations hors hydrocarbures représentent 11% du taux global des exportations. Pour pouvoir atteindre 13 milliards de dollars en 2024, en référence à la structure des prix de 2022, il faudra augmenter le volume de près de 40% nécessitant de profondes réformes structurelles permettant des entreprises compétitives qu’elles soient privées ou publiques en termes de coûts et de qualité. D’une manière générale, cet objectif sera fondamentalement tributaire des dérivés d’hydrocarbures représentant l’essentiel, où toute baisse ou hausse des prix sur le marché international a un effet positif ou négatif sur la future structure des exportations hors hydrocarbures en Algérie. Une analyse plus fine pour 2022, montre clairement que les produits dérivées d’hydrocarbures dus à l’effet prix en 2022 et non pas à l’effet volume représentent 65,02% du total. Dans ce cadre, je rappelle que les recettes (pas le profit net devant déduire les coûts et la part des associés étrangers) grâce à l’effet prix (106 dollars le Brent et 16 dollars le MBTU pour le gaz selon le bilan de Sonatrach ) ont été de 60 milliards de dollars fin 2022. Avec la baisse des prix en 2023 avec une légère augmentation en volume d’environ de 2% et tenant compte de la forte consommation intérieure presque équivalente aux exportations, de la nécessaire réinjection dans les puits entre 15/20% du volume produit pour éviter l’épuisement des puits, la recette de Sonatrach, serait fin 2023 d’environ 45 milliards de dollars. Si l’on inclut le ciment, le rond à béton dominant dans les matériaux de construction, les exportations étant des semi-produits à faible valeur ajoutée et bénéficiant d’importantes subventions dont le prix du gaz à environ 10/20% du prix international) nous avons un taux de 80,60% restant aux autres produits exportés à forte valeur ajoutée environ 19,40%. Pour bien situer les impacts réels des exportations hors hydrocarbures dans le temps et non se fier aux facteurs conjoncturels, il faudrait pour un bilan serein en dressant la balance devises nette et donc répondre aux questions fondamentales suivantes. Quel est la part des entreprises publiques et privées et leurs formes d’organisation, entreprises par actions, SARL ou unités uni personnelles; la répartition spatiale par zones géostrophiques, en mentionnant le chiffre d’affaires, la structure des coûts; mettre en place des tableaux comptables de prospectives physico-financiers, afin d’ analyser les évolutions des exportations en volume et en sur une longue période entre 2000/2022 pour corriger l’effet prix; le taux d’intégration des unités exportatrices devant retirer toutes les matières premières et services importés en devises qui ont un impact sur la balance des paiements et enfin quantifier toutes les subventions dont les bonifications des taux d’intérêt et pour les unités fortes consommatrices d’énergie, aligner le prix du gaz sur celui du prix international pour calculer leur rentabilité réelle dans un cadre concurrentiel mondial.

2 -3 – Dans cadre, il s’agit de relancer en urgence les projets réalisés suite aux orientations du président de la République lors de différents Conseils de ministres, et des différentes réunions gouvernement / walis au niveau de chaque ministère et wilaya : Rappelons-nous les différents déclarations de dizaines de milliers de projets entre 2000/2020 dont plus de 80% n’ont jamais vu le jour, d’autres abandonnés après avoir bénéficié des avantages financiers et fiscaux de complaisance des anciennes structures ANSEJ et ANDI et qu’en est-il du nouveau code d’investissement comme moyen d’attrait des IDE. Citons quelques cas récents relatés par la presse nationale, certains s’aventurant à parler d’exploitation alors qu’une lettre d’intention avec un partenaire étranger n’est pas un contrat définitif et le dépôt d’un dossier n’est pas nécessairement la concrétisation d’un projet. Nous pouvons répertorier différents projets toujours en attente, promis depuis de longues années qui pourraient dynamiser la croissance économique : – le projet pétrochimique, d’Arzew, abandonné par Total et récemment attribué à Petrofac HQC pour un coût 1,5 milliard de dollars, avec un retard de 5 années, la mise en exploitation étant prévue dans 42 mois soit fin 2027; – le projet du gazoduc Nigeria/Algérie toujours en gestation, devenant aléatoire sans la résolution de la la crise au Niger, devant avoir l’accord de l’Europe principal client qui ne s’est pas encore prononcé évalué par l’Union européenne et qui selon nos informations n’est pas la priorité, axant la stratégie sur les énergies renouvelables et hydrogène vert dont le coût est estimé par l’UE à environ 20 milliards de dollars en 2020 contre 10 en 2012, étant plus rentable que celui passant par le Maroc plus de 30 milliards de dollars sans compter les délais de réalisation supérieur de 5 ans; -le projet Galsi, via la Sardaigne abandonné par l’Italie en 2012 où le coût à cette date pour 8 milliards de mètres cubes gazeux était de plus de 3 milliards de dollars (tracé complexe) dont le coût de réalisation a certainement augmenté; -l’exploitation du fer de Gara Djebilet devant ramener le taux d’oxydation de 0,8% à moins de 0,1% et d’importants infrastructures pour sa commercialisation où le 09 mai 2022, le ministre des Mines (source APS), annonce officiellement que la réalisation du projet de Gara Djebilet, nécessitera la réalisation de plusieurs installations, aurait un coût variant entre 1 et 1,5 milliard de dollars par an sur une période allant de 8 à 10 ans, soit entre 10 et 15 milliards de dollars ; – les projets de réalisation de 2 usines d’engrais phosphatés à Skikda et Tébessa, pour un investissement de 6 Mds US, toujours en négociation avec la Chine pour le financement; -le projet Gisement de zinc et plomb à Oued Amizour: qui vient seulement d’être réactivé en mai 2023, sans préciser le coût de réalisation, d’un potentiel minier exploitable estimé à 34 millions de tonnes pour une production annuelle de 170 000 tonnes de concentré de zinc, devrait entrer en production en 2026; -le port de Cherchell d’un coût estimé entre 4 et 5 milliards de dollars l’Algérie n’étant même pas classée au niveau international parmi les 200 ports les plus performants dans le monde dans le dernier rapport international 2023; et où en est la production d’or, dont les réserves, en volume, n’ont pas changé d’un iota depuis 2007 ( 173 tonnes) ;– où en sont les projets d’usine de voitures dont on devra été attentif a au coût et au prix de vente, fonction de la capacité de production (les normes internationales donnant une capacité de 350 000/400 000 voitures par an pour le seuil de rentabilité), avec la détérioration du pouvoir d’achat des couches moyennes principaux acheteurs. Seulement pour les quelques projets cités, le montant du financement en devises dépasse les 40 milliards de dollars. Pour d’autres sujets importants souvent relatés par la presse nationale, il s’agit de dresser premièrement :le bilan de la politique des subventions ciblées et la lutte contre l’inflation afin de préserver la nécessaire cohésion sociale, encore que nous assistons à un nivellement par le bas laminant les couches moyennes pilier du développement et le taux d’inflation a atteint près de 10% l’officiel, le taux étant certainement supérieur du fait que l’indice n’a pas été réactualisé depuis 2011 (l’Algérien n’étant pas seulement un tube digestif), les pièces détachées toutes catégories, les produits informatiques ainsi que ceux non subventionnés le taux a dépassé les 100% entre 2020 et août 2023 laminant le pouvoir d’achat; deuxièmement, le bilan de la lutte contre la sphère informelle qui selon les données contradictoires, du fait de l’effritement du système d’information contrôlerait plus de 35% de la superficie économique et entre 6000 et 10.000 milliards de dinars de la masse monétaire en circulation, selon les données du président de la République début 2022 : troisièmement, les actions dans l’efficacité énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique quelle est la part des énergies renouvelables car avec les subventions généralisées, la consommation intérieure de pétrole et de gaz représente en 2022 presque l’équivalent des exportations( 42% en 2022 avec un accroissement de plus de 60% entre 2010/2022 ) sans une véritable coordination intersectorielle notamment entre le ministère de l’ Energie et celui de l’Habitat, continuant à construire des millions de de logements selon les méthodes traditionnelles énergivores. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique est en 2022 d’environ 440 MW soit entre 1/ 2% de la consommation totale, les extrapolations du ministère de l’Energie, visant , une puissance installée d’origine renouvelable de 22 000 MW horizon 2030 dont 40% pour couvrir la consommation intérieure et une partie exportable et de l’hydrogène vert. En 2022, la production et la consommation d’énergie, y compris dans le secteur de l’électricité sont tirées des hydrocarbures à 98/99 %, ces prévisions seront-elles atteintes et quel sera la part respective des filières photovoltaïques, éoliennes en intégrant la biomasse, la cogénération, la géothermie et le solaire thermique et surtout le besoin de financement ; quatrièmement, dresser le bilan de la récupération des biens des oligarques, en devises à l’étranger sachant que les importations de biens et services en devises ont avoisiné les 1000 milliards de dollars entre 2000/2020 et si on applique uniquement un taux de surfacturation de 10% nous aurons 100 milliards de dollars et qu’en est-il des placements dans les paradis fiscaux ou mis sous le nom de personnes étrangères qui sont soumis au droit international et non au droit algérien nécessitant une large coopération internationale, mais également la récupération des biens mal acquis en des oligarques en dinars , le montant de 20 milliards de dollars (source APS 22/12/2022) qui concernent certainement toutes les unités, les comptes en banques et les biens, immobiliers mais pour avoir un solde positif, devant soustraire tous les crédits octroyés auprès des banques publiques non remboursés et se pose cette question, les unités récupérées, ont –elles été réactivées ou sont-elles sont –elles en bernes et dans ce dernier cas il y va pertes financières.

En conclusion, contrairement à certains discours de sinistrose, où l’Algérie connaît la stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des services de sécurité, il y a lieu d’éviter certains discours d’autosatisfaction déconnectés de la réalité, source de névrose collective. Il existe un lien dialectique entre développement et sécurité, et en ce mois d’août 2023, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach . Étant à l’aube d’une profonde reconfiguration des relations internationales, les menaces et défis étant nouveaux du fait de la révolution mondiale tant sur le plan militaire, économique, social et surtout culturel, le défi à relever est la transition d’une économie de rente avec la dominance d’une économie informelle spéculative à une économie de production de biens et services basée sur la bonne gouvernance et la connaissance. L’Algérie, en s’adaptant au mieux de ses intérêts au nouveau monde, pays à fortes potentialités, possédant des marges de avec des indicateurs financiers positifs, plus de 64 milliards de dollars de réserves de change fin février 2023, un endettement extérieur très faible 2,9 milliards de dollars fin 2022, peut devenir un pays pivot au sein des espaces méditerranéens et africains. Mais cela suppose de profondes réformes structurelles, plus de libertés, de transparence et de réhabiliter les vertus du travail.

Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités

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