Algérie & Etats-Unis d’Amérique: Renforcer la coopération économique et sécuritaire sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant

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Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger de l’Algérie a effectué une visite aux Etats-Unis, actuellement la première puissance économique et également militaire mondiale.

Il a été question de développer un partenariat solide entre l’Algérie et les USA tant sur le plan économique que sécuritaire, soulignant dans le domaine économique que «l’Algérie offrira d’excellents avantages de par sa localisation géostratégique qui fait d’elle un portail ouvert aux marchés voisins en Afrique, mais également en Europe et dans le monde arabe». Lors de cette rencontre, il a été convenu d’un plan d’action comportant plusieurs démarches visant à renforcer le partenariat stratégique liant l’Algérie et les Etats-Unis. Il a été évoqué une visite que devraient effectuer en Algérie une délégation d’hommes d’affaires américains en novembre prochain et l’organisation prochaine d’une conférence à Washington sur la coopération algéro-américaine dans le domaine de l’énergie et un congrès sur le partenariat entre les deux pays dans le domaine de l’industrie.

1 – L’économie américaine au sein de l’économie mondiale

Les dernières données de la Banque mondiale pour 2023 pour les dix pays les plus riches du monde donnent pour le PIB nominal : -USA, 25.462 milliards de dollars de PIB, pour une population de 332 millions et un PIB par tête d’habitant de 69.375 dollars; la Chine 17.963, pour une population de 1,4 millions et un PIB par tête d’habitant de 9605 dollars ; le Japon 4.231 pour une population de 126 millions et un PIB par tête d’habitant de 40704 dollars; l’Allemagne 4.012, pour une population de 83 millions et un PIB par tête d’habitant de 50.787 dollars; l’Inde 3.385, pour une population de 1,4 millions et un PIB par tête d’habitant de 2036 dollars ; le Royaume Uni 3.070, pour une population de 67 millions et un PIB par tête d’habitant de 46.200 dollars; la France 2.782, pour une population de 68 millions et un PIB par tête d’habitant de 45.537 dollars ; la Russie 2.240, pour une population de 146 millions et un PIB par tête d’habitant de 11.327 dollars; le Canada 2.139 pour une population de 38 millions et un PIB par tête d’habitant de 52.791 et l’Italie 2.010.milliards de dollars de PIB pour une population de 59 millions et un PIB par tête d’habitant de 35.195 dollars. Le G7, forum qui réunit Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon] totalise un 43.706 milliards de dollars soit près de 44% du PIB mondial

2 – Quelques indicateurs sur l’économie américaine

En 2022, les exportations américaines se sont élevées à plus de 3.000 milliards de dollars, en hausse de 17,7 % par rapport à l’année 2021, selon les chiffres de la balance commerciale publiés mardi par le Bureau of Economic Analysis (BEA), l’Office statistique du département du Commerce. Les importations ont de leur côté augmenté de 16,3 %, à presque 4.000 milliards de dollars. Le déficit commercial a ainsi atteint un nouveau record, à 948,1 milliards de dollars en 2022, soit 103 milliards de plus qu’en 2021. Cependant,les Etats-Unis ont un d’endettement approchant les 30.000 milliards de dollars proche de celui fixé par le Congrès à 31 381 milliards de dollars qui a vu un dénouement récemment au Congrès pour éviter un défaut de paiement et la dette brute nationale des États-Unis rapportée par habitant, En 2022, équivalait à plus de 92.000 dollars par habitant. Le dollar bien qu’en baisse représente environ en 2022 59% des des réserves de change au niveau mondial contre 71% en 1999. Au chapitre des transactions internationales bancaires, après avoir explosé à une part de 78% au début des années 1980, le dollar américain a lentement décliné à un niveau de 35% en 2022, après avoir connu un sursaut à 42% dans la décennie 2010. Après une croissance de 2,1%, en 2022 , il est prévu 1,1 % en 2023, l’économie des États-Unis devrait ralentir à 0,8 % en 2024, principalement sous l’effet de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt enregistrée ces dix-huit derniers mois En juin 2023 l’inflation bien qu’à son plus bas niveau depuis mars 2021, l’indicateur reste au-dessus de la cible de 2% de la Banque centrale américaine s’établissant à environ 3%.Des données plus récentes montrent que le taux de chômage aux États-Unis a augmenté pour atteindre 3.7% en mai, après 3.4% en avril 2023. Les réserves de change selon le FMI sont de 37,75 milliards de dollars montrant que n’existe pas de corrélation entre le niveau des réserves de change et le développement l’important étant de transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles.

3 – La place des USA au sein de l’économie algérienne

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et les Etats-Unis ont totalisé 11,22 milliards de dollars en 2006,.passant à 4,7 milliards de dollars en 2015 à 5,6 milliards de dollars en 2016, contre 4,7 milliards en 2015, 3,61 en 2019, 1,82 en 2020 et en 2021 plus de 3 milliards USD selon le conseil de l’Accord-cadre algéro-américain sur le commerce et l’investissement (TIFA). Quels sont principaux investisseurs en Algérie en 2021 ? Les USA avec 6,558 milliards de dollars soit 28,8% sont le premier investisseur en Algérie suivi des pays suivants : l’Italie 2, 382 milliards de dollars soit 10,4% ; la France 2,361 milliards de dollars soit 10,3% ; l’Espagne 1,510 milliards de dollars soit 6,80% ; Royaume Uni 1,44 milliards de dollars soit 6,3% ; l’Allemagne 852 millions de dollars soit 3,7%; la Chine 595 millions de dollars soit 3,7%, ( l’objectif de la visite du président de la république en Chine est de dynamiser l’investissement avec ce pays, la Chine demeurant principal fournisseur de l’Algérie avec une moyenne annuelle depuis 2013 de 7/8 milliards de dollars d’exportations vers l’Algérie. alors que ses importations depuis l’Algérie, constituées essentiellement d’hydrocarbures, se sont chiffrées à seulement 14,793 milliards de dollars, avec donc un déficit commercial de l’Algérie avec la Chine à plus de 61 milliards de dollars). Quelle est la structure du commerce extérieur en Algérie en 2021 et la place des USA selon les statistiques douanières ? Pour les exportations algériennes nous avons : l’Italie 17,87 milliards de dollars soit 27,4% : l’Espagne 8,27 milliards de dollars soit 12,7% ; la France 6,74 milliards de dollars soit 10,3% ; les Pays Bas 3,58 milliards de dollars soit 5,5% ; la Turquie 3,60 milliards de dollars soit 5,5% ; le Royaume Uni 2,85 milliards de dollars soit 4,3% ; les USA 2,74 milliards de dollars soit 4,2% ; la Corée du Sud 2,42 milliards de dollars soit 3,7% ; la Chine 1,93 milliards de dollars soit 2,9%. Pour les importations algériennes nous avons : la Chine 6,99 milliards de dollars soit 17,1%; France 3,45 milliards de dollars soit 8,4%; l’Italie 2,38 milliards de dollars soit 5,8%; le Brésil 2,32 milliards de dollars soit 5,6%; Barbade 2,11 milliards de dollars soit 5,3%; Allemagne 2,10 milliards de dollars soit 5,1% ; USA 1,63 milliard de dollars soit 4,10% ; Russie 1,48 milliard de dollars soit 3,8% ; (pour le cas de la coopération entre la Russie et l’Algérie, selon les données officielles russes, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Russie en 2021, le chiffre d’affaires commercial de la Russie avec l’Algérie s’est élevé à 3, 007 milliards de dollars et les exportations de la Russie vers l’Algérie en 2021 se sont élevées à 2, 989 milliards de dollars et les importations russes en provenance d’Algérie à 18, 266 millions de dollars). Espagne 1,07 milliard de dollars soit 2,6% avec une baisse de 49,4% par rapport aux années précédentes 2019/2020.

4 – Quelles perspectives pour le développement économique Algérie/USA ?

Le partenariat entre les deux pays est principalement axé sur le domaine de l’énergie qui attire 90% des investissements américains. La coopération algéro-américaine peut être dynamisée, au vu des réserves de gaz naturel et des énormes potentialités en termes d’énergies renouvelables que recèle l’Algérie et du fait que les Etats-Unis représentent une puissance technologique et économique, d’autre part. En ce qui concerne l’énergie, il y a lieu de rappeler la visite de responsables de la compagnie Occidental Petroleum Corporation pour examiner l’état des relations avec le groupe Sonatrach dans les domaines de la recherche et de l’exploration des hydrocarbures, le développement des gisements et la production et le transport du gaz naturel et le GNL. Mais l’impératif est d’ouvrir de nouvelles perspectives à la coopération bilatérale, notamment en ce qui concerne l’exploitation des ressources dont dispose notre pays à l’instar de l’acier, du zinc, du phosphate et d’autres ressources rares. Le secteur de l’agriculture constitue une opportunité pas encore exploitée pour les investisseurs, notamment dans le Sud du pays, d’autant que l’Etat algérien entend assurer 3 millions d’hectares pour tout investissement d’envergure, appelant les hommes d’affaires américains à investir dans les techniques agricoles modernes, les systèmes d’irrigation, les infrastructures de l’agro-industrie et les technologies des données. Pour le secrétaire d’Etat USA Mr Blinken, il y a lieu d’élever les échanges commerciaux entre l’Algérie et les Etats-Unis afin d’enclencher une dynamique économique, l’important étant de continuer à développer un partenariat fort entre l’Algérie et les USA. La participation des Etats-Unis en tant qu’invité d’honneur à la 53e édition de la FIA a été interprétée comme une preuve de la disponibilité des deux pays à œuvrer ensemble pour la promotion du partenariat bilatéral et au développement de la coopération dans plusieurs domaines où un conseil algéro-américain du commerce et de l’investissement a été institué afin de favoriser également le capital humain. L’ambassadrice des USA à Alger a rappelé malgré toutes les restrictions qu’au profit des Algériens, le nombre de visas délivrés par les Etats-Unis a augmenté en 2022 de 10 % par rapport à 2019 et au volet culturel, le soutien aux efforts de l’Algérie pour élargir le champ d’utilisation de la langue anglaise qui est accordé, le nombre des centres culturels américains devant être porté à cinq après l’obtention de l’approbation d’ouvrir d’un autre centre dans la wilaya de Béchar, un total de 28 000 Algériens ayant bénéficié en 2022, de l’enseignement de l’anglais, que ce soit en ligne ou en présentiel.

5 – La coopération sécuritaire, Algérie/USA

Pour les Etats-Unis, l’Algérie est un acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et surtout africaine qui connaît de fortes turbulences grâce aux efforts de l’ANP et des forces de sécurité. Rappelons que le général d’armée Michael Langley, commandant du commandement militaire des Etats-Unis en Afrique (AFRICOM), qui était à la tête d’une importante délégation militaire, avait effectué une visite en Algérie le 8 février 2023, ayant été reçu par le président de la République, et le général d’armée chef d’état-major de l’Armée nationale populaire et qu’une délégation américaine composée de hauts fonctionnaires des départements d’État, du Trésor et de la Défense, a effectué une visite en Algérie les 5 et 6 juin 2023 dans le cadre «d’un dialogue sécuritaire entre l’Algérie et les Etats-Unis visant à faire progresser les objectifs régionaux communs de stabilité et de lutte contre le terrorisme. Selon le communiqué final le dialogue «s’inscrit dans le cadre d’un effort visant à travailler avec des partenaires partageant les mêmes idées et des institutions compétentes dans le but de réduire l’expansion et l’influence des groupes terroristes et des menaces connexes dans la région grâce au renforcement de la bonne gouvernance, de l’application de la loi, de la sécurité et des systèmes judiciaires… l’Algérie est un leader régional qui a fait ses preuves dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, tout en travaillant avec les pays voisins pour développer leurs capacités sécuritaires … La coopération sécuritaire et la lutte commune contre le terrorisme sont la pierre angulaire des relations américano-algériennes alors que les deux pays recherchent la stabilité et la prospérité en Afrique du Nord et au Sahel».

En conclusion, le monde face aux tensions géostratégiques, la révolution numérique qui bouleversa l’architecture des relations internationales, la gestion des institutions des Etats, des entreprises, les relations Etats citoyens, et à l’inévitable impact négatif du réchauffement climatique imposant l’urgence de la transition énergétique avec un nouveau modèle de consommation énergétique, ne sera plus jamais comme avant. L’Algérie qui vit au sein d’un monde turbulent et instable, qui a opté pour une position de neutralité dans les conflits privilégiant le dialogue et le respect du droit international,  entretint d’excellentes relations avec les USA, la majorité des pays d’Europe, la Russie, la Chine, bon nombre de pays émergents, pour ne parler que des principaux acteurs mondiaux. Militant pour un monde multipolaire garant de la sécurité mondiale. Sur le plan économique, consciente que la puissance d’un pays se mesure à son poids économique, elle entend privilégier un partenariat gagnant-gagnant fondé sur un co-développement combattant les inégalités tant internes que planétaires.

A. M.