Après les déclarations de Gaid Salah sur les mesures d’apaisement: Le Panel de dialogue face à son destin

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Fatah Guidoum@L'Echo d'Algérie

Les récentes déclarations du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah, risquent de donner du fil à retordre au panel de dialogue et de médiation et de le mettre dans une situation peu confortable, notamment en ce qui concerne le préalable posé, celui des voir l’Etat prendre des mesures d’apaisement avant d’entamer ce processus.

Hier, le coordinateur du panel, Karim Younes a réitéré son appel pour des mesures d’apaisement, condition sine qua non pour entamer le processus de dialogue en vue d’une sortie de crise. Il a laissé entendre qu’en cas de non satisfaction de ces mesures, le panel se réunion en urgence et prendra la décision qui s’imposerait, en allusion à une éventuelle démission collective de ses membres après que l’expert économiste Smail Lalmas s’est vu contraint de jeter l’éponge. C’est dire que le dialogue voulu et souhaité par tout le monde, risque, une fois de plus, de foirer, ce qui ouvrirait, le cas échéant, la porte à tous les scénarios possibles.  Le Panel de personnalités nationales appelé à conduire le dialogue national inclusif a affirmé que ce dialogue constitue le seul moyen à même de garantir une sortie pacifique de la crise, à la hauteur des aspirations du peuple algérien. A cet égard, Karim Younes avait déclaré que les personnalités composant le panel ont fait savoir que leur participation à cet effort collectif pour sortir de cette crise découlait de leur « engagement devant la nation et au peuple », soulignant que le dialogue national était « le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens et Algériennes ». Il a indiqué dans ce sens, que « nous insistons, en tant que commission, sur le fait que ce dialogue auquel a appelé le Chef de l’Etat, doit intervenir en réponse aux revendications légitimes du peuple, sorti manifester pour revendiquer une Algérie démocratique et nouvelle, comme le souhaitaient nos aïeuls, artisans de la Révolution de Novembre ». Ces personnalités ont tenu à souligner qu’elles n’étaient pas représentantes du Hirak populaire, ni ses porte-parole, affirmant avoir accepté cette mission « en toute liberté ». Les membres du Panel ont mis l’accent sur l’impératif pour l’Etat de prendre des mesures d’apaisement à même de créer un climat devant conduire nécessairement à un dialogue sincère qui exprime les vœux et les revendications populaires et qui mènerai à l’organisation d’une élection présidentielle transparente, régulière et libre dans les plus brefs délais ». Parmi les mesures auxquelles elles ont appelé: « la libération de tous les détenus du hirak », « la levée de toutes les formes de pression sur les médias », et « la garantie de toutes les conditions et les facilitations à même de permettre aux citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels dans les manifestations et les rassemblements pacifiques ».

Le dialogue auquel a appelé le Chef de l’Etat, doit intervenir en réponse aux revendications légitimes du peuple, sorti manifester pour revendiquer une Algérie démocratique et nouvelle, comme le souhaitaient nos aïeuls, artisans de la Révolution de Novembre

 Lors de cette rencontre, plusieurs questions relatives aux revendications populaires dont celles liées au Gouvernement ont été évoquées, a fait savoir M. Karim Younes. Le chef de l’Etat, Abdelakder Bensalah, a fait part de sa « disponibilité » à prendre des mesures d’accompagnement et d’apaisement en réaction aux préoccupations soulevées par le Panel. En réaction à une sollicitation des membres du Panel sur les mesures d’accompagnement et d’apaisement qu’il y a lieu de prendre, le chef de l’Etat a fait état de sa disponibilité à œuvrer pour inviter la justice à examiner la possibilité d’élargissement des personnes, dont l’interpellation s’est faite en lien avec le déroulement des marches populaires, à envisager l’allègement du dispositif mis en place par les services de sécurité pour garantir la liberté de circulation dès lors que cet allègement ne porte pas préjudice à l’impératif de préserver l’ordre public, et la protection des personnes et des biens lors des marches populaires ». Il a également fait part de sa disponibilité à « faire prendre les mesures de nature à faciliter l’accès aux médias publics à toutes les opinions, à travers l’organisation des débats contradictoires et ouverts à toutes les expressions politiques, sans exclusive ». Avant-hier, le général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’ANP, a exprimé son souhait de voir le dialogue national se dérouler « loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats ». En réponse aux exigences de cet intérêt suprême de la patrie, le Haut Commandement de l’ANP a œuvré, dira-t-il, depuis le début de la crise, à « adopter une approche empreinte de rationalité dans sa présentation, de logique dans son traitement et de réalisme dans l’accompagnement du peuple algérien et des institutions de l’Etat, affirmant à maintes occasions, qu’il n’a aucune ambition politique, sauf être au service de la nation et de ses intérêts suprêmes ». « Dans ce contexte précisément, nous valorisons, au sein de l’ANP, les étapes franchies sur la voie du dialogue national, notamment après l’audience accordée par le chef de l’Etat à un groupe de personnalités nationales, qui se chargera de la conduite de ce dialogue, s’engageant à mettre à disposition les moyens nécessaires pour l’accompagner dans cette noble démarche et réunir les conditions idoines pour la tenue des présidentielles dans les plus brefs délais », a-t-il expliqué.

l’Algérie a besoin aujourd’hui de ceux qui se sacrifient pour elle et qui élèvent l’intérêt suprême de la patrie au-dessus de toute considération, de ceux qui font preuve d’intégrité, de sagesse, de sérénité et de clairvoyance, ceux qui haussent le niveau du débat et s’élèvent au-dessus des questions secondaires et s’écartent de la surenchère, car il s’agit de l’avenir du peuple et du destin de la nation

 Pour le chef d’Etat-major de l’ANP, « il n’est plus question de perdre davantage de temps, car les élections constituent le point essentiel autour duquel doit s’axer le dialogue, un dialogue que nous saluons et espérons qu’il sera couronné de succès et de réussite, loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats », a-t-il souligné. A cet égard, il fait savoir que « de telles méthodes et thèses sont catégoriquement rejetées, car  l’Algérie a besoin aujourd’hui de ceux qui se sacrifient pour elle et qui élèvent l’intérêt suprême de la patrie au-dessus de toute considération, de ceux qui font preuve d’intégrité, de sagesse, de sérénité et de clairvoyance, ceux qui haussent le niveau du débat et s’élèvent au-dessus des questions secondaires et s’écartent de la surenchère, car il s’agit de l’avenir du peuple et du destin de la nation ». Par la même occasion, le chef d’Etat-major de l’ANP a évoqué « certaines idées empoisonnées que véhicule la bande et qu’adoptent certains porte-voix qui orbitent autour d’elle, notamment l’appel à l’élargissement des détenus, qualifiés à tort comme des prisonniers d’opinion, l’atténuation des mesures sécuritaires entreprises au niveau des entrées de la capitale et des grandes villes et les tentatives de porter atteinte à la crédibilité et à la performance des institutions de l’Etat, à travers des rumeurs qui visent à tromper l’opinion publique et à compromettre les efforts des responsables intègres et dévoués ». « Aussi, je rappelle encore une fois que seule la justice est souveraine de la décision, conformément à la loi, concernant ces individus qui se sont pris aux symboles et aux institutions de l’Etat et ont porté outrage à l’emblème national », a-t-il dit. Il a précisé, à ce propos, qu' »il n’est permis à quiconque d’interférer dans son travail (justice) et ses prérogatives ou tenter d’influer sur ses décisions », ajoutant qu' »au sein de l’ANP, nous l’encourageons et nous l’appelons à poursuivre sa démarche patriotique dévouée avec la même détermination et la même résolution, loin des contraintes et pressions qui donnent à la bande et à ses relais, une occasion pour échapper à la sanction et revenir pour semer l’anarchie et impacter sur le cours des évènements ».