Le manque de coordination entre les différents intervenants en cas de catastrophes naturelles entraverait la gestion des situations pouvant survenir a affirmé hier, à Alger le président de l’Académie Algérienne de développement des Sciences Médico-Légale, Rachid Belhadj.
En cas de catastrophe naturelle et du fait du manque de cohésion entre les différents intervenants, les services médico-légistes rencontrent d’énormes difficultés notamment pour l’identification des corps, a expliqué le Pr. Belhadj, également chef de l’unité médico-judiciaire de l’hôpital Mustapha Pacha (Alger) lors du 2ème congrès international de l’Académie algérienne de développement des sciences médico-légales, organisé sous le thème « La gestion médico-légale des catastrophes. Le même expert a annoncé, à cette occasion, l’introduction en l’Algérie, pour la première fois, « d’une nouvelle technique d’identification de corps en état de décomposition, ceux ayant subi des brûlures graves ou encore en cas de dégradation volontaire de l’empreinte », précisant que l’identification des corps « ne pose aucun problème en Algérie aussi bien pour les victimes de catastrophes naturelles ou industrielles (en cas de brûlures) que pour les corps de migrants clandestins ayant péri en mer, à la condition que le corps ne soit pas resté dans l’eau plus de 5 jours ». Le Pr. Belhadj a indiqué que les services de la médecine légale, notamment au niveau du CHU Mustapha Pacha, sont désormais capables d’identifier des cadavres en coordination avec les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales. Rappelant qu’avant la mise en place de ce nouveau dispositif, les cadavres étaient conservés pendant des mois à l’hôpital en attente d’identification, et restaient en attente d’une requête de la famille, il a expliqué que les développements scientifiques et la numérisation de l’administration algérienne, notamment la carte d’identité nationale et le passeport biométriques, ont été d’une grande aide dans les opérations d’identification de victimes mais aussi des individus impliqués dans les divers crimes. Par ailleurs le représentant du ministère de la Santé, le Pr. Merzak Ghernaout, a mis en avant la nécessité de mettre en place une stratégie nationale de traitement des grandes catastrophes qui constituera, a-t-il dit, « une feuille de route » pour le ministère en cas de catastrophes naturelles ou industrielles, saluant le rôle de la médecine légale dans ce domaine. Pour sa part, le représentant du ministère de la Justice, M. Mourad Si Ahmed s’est félicité de l’organisation de cette rencontre scientifique à laquelle prennent part des experts de pays arabes, européens et africains, ajoutant qu’elle « est à même d’accroitre les capacités scientifiques, notamment en matière de prise en charge des victimes des catastrophes naturelles ». « Les exigences de l’époque en matière de gestion des catastrophes imposent le recours à preuves précises et à l’utilisation de mécanismes modernes d’identification des cadavres », a-t-il déclaré. Il a appelé, à ce propos, au recours aux techniques modernes de transfert des informations pour ménager les efforts des intervenants sur le terrain, à l’instar de la médecine légale, du Croissant rouge algérien (CRA), de la Sûreté et de la Gendarmerie nationales, de la Protection civile…. La représentante du ministère de l’Enseignement et de la Recherche scientifique, Louiza Chorfi, a mis en exergue « l’impérativité de développer la médecine légale en Algérie et d’encourager les étudiants en médecine à s’orienter vers cette spécialité eu égard au manque enregistré dans les wilayas du Sud et des Hauts Plateaux » à travers la mise en place de nouvelles mesures incitatives, d’autant plus que l’Algérie, en raison de sa position géographique, « est exposée à différentes catastrophes naturelles. La médecine légale prend en charge également, a-t-elle ajouté, d’autres fléaux tels que la toxicomanie, la migration clandestine, les pertes humaines et le dépistage génétique. Pour sa part, le représentant de la DGSN, Ismaïl Boutlilis, a souligné le rôle de la Sûreté nationale en matière d’adaptations aux développements modernes dans le domaine de la gestion des accidents et des grandes catastrophes pour identifier les corps en coordination avec la médecine légale qu’il a qualifiée de « trait d’union » entre les différents acteurs concernés par la gestion des catastrophes. Les travaux de la rencontre scientifique qui se poursuivront jusqu’à aujourd’hui, lundi seront sanctionnés par des recommandations visant l’amélioration la gestion des catastrophes naturelles en Algérie et à la création de mécanismes rodés pour une gestion efficace et rapide.
Yasmine Derbal