26e vendredi du hirak: « Nous irons jusqu’au bout » réitèrent les marcheurs 

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26e Marche des étudiants à Alger. Ph :Fateh Guidoum / PPAgency

 

Malgré la chaleur accablante, de nombreux citoyens ont de nouveau marché, Vendredi à Alger, en ce 26ème vendredi du hirak.

Il y avait, certes, moins de monde mais, pour autant, cela ne semble pas avoir altéré la détermination des marcheurs à réitérer leur attachement aux valeurs républicaines, mais aussi à poursuivre du combat pour une rupture pacifique avec le système de gouvernance et ses représentants. Dès le matin, un dispositif sécuritaire a été mobilisé sur les principales avenues de la capitale, particulièrement à la Grande poste et à la rue Abdelkrim Khettabi. Cela n’a pas découragé les manifestants. Vers 11h30, la foule s’est ébranlée de la rue Didouche Mourad pour se rassembler devant la Grande Poste. La foule s’est davantage renforcée, après la prière du vendredi. Des drapeaux sur lesquels étaient inscrits les noms des 48 wilayas ont été déployés à la rue Didouche Mourad et les avenues avoisinantes. Drapés de l’emblème national, les manifestants scandaient à l’unisson les slogans habituels du hirak : « Etat civil, non pas militaire », «Algérie libre et démocratique », « pas de dialogue avec el 3issaba » ou encore le fameux « Yetnahaw Ga3″. Des citoyens ont tenu à « rafraîchir » les manifestants, en les aspergeant d’eau du haut des balcons. D’autres ont utilisé des jerricans, équipés de vaporisateurs. Par ailleurs, les vendeurs à la sauvette ont investi les trottoirs, proposant de l’eau minérale, des écharpes et des drapeaux… La manifestation, à laquelle ont pris part des personnes de tous âges et des deux sexes, s’est déroulé dans le calme. Aucun incident n’a été enregistré. Notons que d’autres wilayas du pays ont connues des manifestations similaires. Amoindrie par les vacances scolaires par rapport aux premières semaines du « Hirak » (le mouvement de contestation né le 22 février), la mobilisation reste forte à Alger, où comme chaque vendredi, hommes, femmes et enfants de tous âges sont au rendez-vous. « C’est ou nous ou ce pouvoir, on ne va pas s’arrêter », scandent les manifestants qui continuent de réclamer le départ du pouvoir de tous ceux ayant accompagné, durant ses 20 ans de présidence, Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril, sous les pressions conjuguée de la rue puis de l’armée. Des dizaines de véhicules de police sont garés des deux côtés de la rue, sur une partie du parcours emprunté par la manifestation. Le dispositif semble toutefois avoir été légèrement allégé par rapport aux dernières semaines. Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée devenu le véritable homme fort du pays depuis la démission de M. Bouteflika, reste une cible principale des protestataires. Alors que le mouvement de contestation, qui s’apprête à fêter son 6e mois le 22 août, ne semble pas s’essouffler, aucune solution à la crise politique dans laquelle est plongée l’Algérie ne se profile. Le « Hirak » continue de refuser la présidentielle que le pouvoir souhaite coûte que coûte organiser le plus rapidement possible pour élire le successeur de M. Bouteflika. Une élection convoquée le 4 juillet a dû être annulée, aucun candidat sérieux ne s’étant présenté. « On ne veut pas d’élections organisées par ce gouvernement. Ils trouveront le moyen de frauder. Ce sont des experts de la triche. Qu’ils partent avant les élections », résume, un ingénieur dans une entreprise privée, interrogé dans une rue d’Alger .Chauffeur de taxi de 45 ans, Aissa  manifeste vendredi « pour redire à Gaïd que nos revendications n’ont pas été satisfaites », contrairement à ce que le chef d’état-major a assuré le 8 août, en dénonçant « certains groupes » qui « s’acharnent à rejeter toutes les initiatives présentées et tous les résultats obtenus ». Le « dialogue » proposé par le pouvoir à la classe politique et à la société civile pour définir les modalités de cette élection, censé en garantir l’équité, est également rejeté par les manifestants, et « l’Instance de dialogue » mise sur pied pour parler avec les divers acteurs, peine à asseoir sa légitimité à leurs yeux. Nommé à la tête de cette instance, Karim Younès, ex-président de la Chambre basse et ancien ministre de M. Bouteflika, est une fois encore conspué vendredi par les manifestants aux cris de « Karim Younès à la poubelle! ». « On reste avec des pratiques anciennes, ce genre d’instance va nous mener à l’impasse », a averti jeudi, l’économiste Smail Lalmas, qui a démissionné de cette instance après le refus du pouvoir de prendre des mesures « d’apaisement » réclamées en signe de bonne volonté. De leur côté, plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont été contraints de reporter une réunion prévue samedi, faute d’avoir obtenu – comme le veut la loi – une autorisation préalable des autorités. « Au moment où le pouvoir fait la promotion de son offre de dialogue, la réalité est tout autre », s’insurgent les organisateurs dans un communiqué, dénonçant « le verrouillage du débat public, des médias, du dialogue dans la société ».

M.M