24e vendredi du Hirak: Le peuple veut être  maitre de son destin

0
839
Algerie 02.08.2019 24ème vendredi de manifestations en Algérie. Ph :Fateh Guidoum / PPAgency

 

Pour le 24ème vendredi consécutif, les citoyens  sont sortis dans une marche pacifique à Alger en brandissant les mêmes  slogans et les mêmes mots d’ordre, pour réaffirmer leur attachement au « changement radical du système » et au « départ de tous ses symboles », ainsi  que la poursuite de la lutte contre la corruption.

Malgré une vague de chaleur record que connait le pays, aggravée par un taux d’humidité très élevé, les manifestants ont investi, comme à  l’accoutumée, les principales artères de la capitale dès la matinée avant de se regrouper au niveau de la Grande-Poste et la place Maurice Audin, affichant ainsi leur détermination à poursuivre la mobilisation « jusqu’au  départ du système et de ses symboles ». En plus des slogans habituels, appelant à « l’indépendance de la justice », la « libération des détenus d’opinion » et « l’ouverture des médias », ainsi que les appels au « départ de tous les symboles de l’ancien système » et « le  jugement des corrompus », les manifestants ont focalisé leurs revendications sur le dialogue et les élections. A ce titre, ils ont appelé à des « changements radicaux » avant d’aller à l’élection présidentielle, s’opposant à « un dialogue et à des élections de complaisance ». Ils ont en outre insisté sur « l’édification d’une Algérie  libre et démocratique ». Les manifestants n’ont pas également dérogé à ce qui est devenu une règle à l’occasion de ces marches pacifiques, en arborant l’emblème national et en entonnant en chœur l’hymne national et des chants patriotiques, devant un dispositif sécuritaire renforcé. Ces marches qui se sont déroulées dans le calme ont vu des jeunes se  porter volontaires pour aider et assister les manifestants en cas de besoin. Ce 24ème vendredi de manifestations populaires à travers le pays intervient au lendemain de la décision de l’Instance nationale de dialogue et de médiation d’entamer le dialogue national sans délai, sous la présidence de son coordonnateur Karim Younes, soulignant que « l’intérêt du  pays passe avant tout ». Cette Instance a salué les personnalités nationales qui « ont répondu favorablement à l’appel de la patrie, dans cette conjoncture difficile, par conviction et sens de responsabilité ». Auparavant, le général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP), avait exprimé son souhait de voir le dialogue national se dérouler  « loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats ». Il avait également valorisé « les étapes franchies sur la voie du dialogue national, notamment après l’audience accordée par le chef de l’Etat à un groupe de personnalités nationales, qui se chargera de la conduite de ce dialogue », s’engageant « à mettre à disposition les moyens nécessaires et à réunir les conditions idoines pour l’organisation d’une élection  présidentielle dans les plus brefs délais ». Vers 17h00, les manifestants ont commencé à se disperser, cédant la place à des jeunes qui ont, dans un geste de civisme et de citoyenneté, commencé à nettoyer les lieux. 

 

Marches dans les wilayas: départs des anciennes figures du système et  dialogue « sincère »

 Des citoyens ont encore marché pacifiquement,  pour le 24e vendredi consécutif, pour réclamer le départ des anciennes  figures du système ce qui ouvrira, selon eux, les portes à un dialogue sincère » permettant à l’Algérie de sortir sereinement de sa crise  politique. Des marches populaires pacifiques ont eu lieu dans plusieurs wilayas de l’Est du pays pour revendiquer notamment, un dialogue « sérieux » et le  départ de tous les symboles du régime. A Constantine, les manifestants, ont réclamé entre autres l’activation des articles 7 et 8 de la Constitution stipulant que « le peuple est la source  de tout pouvoir » et conditionné le dialogue par le départ des anciennes figures du système. D’autres groupes qui ont marché sous un soleil de plomb ont scandé, « RND, FLN, dégagez » et « La hiwar maa issabate » (Pas de dialogue avec les bandes). A Tébessa, les marcheurs dont le nombre a sensiblement baissé ce vendredi  ont réitéré leur soutien aux revendications du Hirak, appelant au départ du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, et du gouvernement du Premier ministre Noureddine Bedoui et la « rupture avec les anciennes pratiques ». A Khenchela, les manifestants ont insisté sur un « dialogue sincère » pour mettre fin à la crise que connait le pays, « Une instance indépendante pour  mener les présidentielles », lit-t-on sur les pancartes brandies. A Jijel, les manifestants ont battu le pavé des boulevards du 1er novembre 1954 et Emir Abdelkader, enveloppés dans l’emblème national et scandant « Changement radical », mettant également l’accent sur l’organisation d’élections présidentielles « libres et propres dans les brefs délais ». La même ambiance et les mêmes revendications ont marqué les marches qui  ont eu lieu à Souk Ahras et Guelma, où les manifestants se sont regroupés à la place des martyrs brandissant des pancartes, sur lesquelles était écrit, « Le pouvoir pour le peuple », affichant leur détermination à poursuivre leur mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Le changement « radical » du système de gouvernance et le départ de tous ses figures avant d’entamer tout dialogue, étaient les principales exigences et  les slogans scandés par les manifestants qui ont participé à des marches pacifiques dans les wilayas du centre. A Blida, Chlef, Tipasa et Djelfa un recul du nombre de marcheurs a été constaté ce week-end. Les manifestants sont sortis en petits groupe pour sillonner les grandes artères de ces villes, pour réitérer leur « rejet de toute forme de dialogue avant la démission de l’actuel gouvernement » réaffirmant par la même occasion la « forte relation qui lie le peuple à  l’institution militaire ». Dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Boumerdes et Bouira, les citoyens sont descendus dans la rue, pour demander la « libération des détenus », « Une justice indépendante », « Respect des libertés », et la « Souveraineté populaire ». Les manifestants estiment que ces mesures doivent précéder le dialogue avec des personnalités « intègres ». La mobilisation est restée intact à Tizi-Ouzou où des milliers de citoyens ont battu le pavée sous une canicule étouffante. A Bouira et Boumerdes, ils  étaient des centaines à avoir participé aux marches.  

Neutraliser ceux qui menacent la démocratie et la santé économique du  pays-

 

Des centaines de manifestants sont sortis dans les wilayas de l’Ouest   pour réclamer l’instauration d’un « Etat de droit », « un Etat souverain où  règne la justice sociale ». Les manifestants qui se sont rassemblés à la place du 1er novembre, ont  observé une marche en empruntant la rue Larbi Ben M’hidi, avant de s’ébranler vers le pont Zabana et de se retrouver ensuite devant le siège  de la wilaya en scandant des slogans pour l’édification d’un « Etat de droit », « Une justice indépendante » et l’instauration d’une « République forte et souveraine » où seront délogés tous les personnes impliquées dans  des affaires de corruption. Les manifestants, accompagnés de certains syndicalistes et militants de partis, ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le « Hirak » pour « mettre hors état de nuire ceux qui menacent la démocratie, l’économie du pays et  la nation ». A Mostaganem, les manifestants ont réitéré les mêmes slogans habituels, en sillonnant les artères principales, à l’instar du boulevard Mohamed Khemisti, la rue Bouazza Mohamed, le siège de la wilaya et le tribunal, avant de se rassembler devant le siège de l’APC de Mostaganem. Ils  portaient le drapeau national et un chiffre 7 géant faisant allusion à l’application de l’article 7 de la constitution. Ils ont également repris en chœur nombre de slogans à l’instar de « Pas de dialogue avec la issaba (bande) et « Gaâ terhlou (partez-tous). Les manifestants parmi eux des estivants de plusieurs wilayas du sud ainsi que  des citoyens algériens résidants à l’étranger ont exprimé leur refus au dialogue avec le panel de médiation, de même qu’ils ont réitéré leurs demande de libération des détenus ainsi que le départ des « B »( Bensalah et Bedoui). Certains citoyens parmi les personnes âgées et les femmes ont préféré tenir un rassemblement devant la place « Boudjema Mohamed », en face de la  place de l’indépendance, en attendant le retour des manifestants qui ont défilé sur plusieurs kilomètres malgré la canicule sans moindre incident. A Tlemcen, quelque 500 citoyens sont sortis dans une marche pacifique pour réclamer un changement radical du système. Des citoyens ont, malgré la canicule, défilé depuis le siège de la grande poste, située au centre ville, pour se diriger vers les sièges de la wilaya, la commune et la  daïra, brandissant des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire « Pouvoir au peuple », « Les principes du 22 février ne sont pas à négocier ». Ils ont repris également des slogans « Non à la corruption », « Non au régionalisme ». A Saida, près de 150 citoyens ont organisé une marche pacifique réaffirmant leur engagement à poursuivre le mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs revendications, en réclamant le départ du reste des symboles du système. Les manifestants ont scandé des slogans pour « l’indépendance de la  justice, et la poursuite de ceux qui sont impliqués dans les affaires de corruptions ». Les participants à cette marche qui a pris le départ depuis la place de l’Emir Abdelkader, au centre ville, ont sillonné les artères principales exprimant les revendications du peuple pour la construction d’un nouvel Etat, fort par son économie. A Aïn Témouchent, les participants, une soixantaine de personnes, ont réitéré, dans la marche, leur revendications, réclamant le départ du reste du système et leur refus des élections, « tant que les figures du reste de  la +Issaba+ (bande) sont toujours là ». Les manifestants ont exprimé également leur refus de dialoguer avec le gouvernement actuel, en scandant « Non aux élections avec les issabates (bandes) » et « Main dans la main pour écarter la bande ». La ville de Tissemsilt a connu une marche pacifique où prés de 50 citoyens sont sortis pour réclamer le départ des symboles du système, scandant des slogans « Le peuple et l’armée, khaoua-Khaoua », « Préservons ensemble notre pays. Dans les wilayas du Sud, et en raison des chaleurs caniculaires sévissant actuellement dans la région, les gens, attendent habituellement la fin de  l’après-midi, pour sortir, même s’ils sont de moins en moins nombreux, manifester afin d’appeler au changement politique. Les marches se sont déroulées dans le calme et la sérénité au milieu de dispositifs sécuritaires déployés pour encadrer ce mouvement populaire.  

Synthèse Mouloud Ledjouaz