Le long métrage de fiction De nos frères blessés, réalisé par le Français Hélier Cisterne et dédié au parcours militant anticolonialiste de Fernand Iveton, seul militant pour l’indépendance de l’Algérie d’origine européenne guillotiné par l’armée coloniale, a été projeté au public lundi soir à Alger. Projeté dans le cadre de la compétition officielle du 11e Festival international du cinéma d’Alger (Fica), dédié au film engagé, De nos frères blessés est une adaptation du roman éponyme de l’écrivain français de Joseph Andras, édité en 2016 en Algérie et en France. Ce film poignant retrace deux ans de la vie de ce jeune militant communiste algérien d’origine européenne, arrêté en novembre 1956 après une tentative de sabotage dans son usine et atrocement torturé par la police avant d’être jugé par un tribunal militaire, puis guillotiné «pour l’exemple» le 11 février 1957. En 97mn, le réalisateur consacre une partie du film à l’histoire d’amour entre Fernand et Hélène Iveton, rencontrée lors d’un voyage en France et qui a choisi de le suivre à Alger, mais aussi à sa relation avec son voisin et ami d’enfance Henri Maillot, un militant également d’origine européenne engagé pour la cause nationale, tombé au champ d’honneur six mois plus tôt après avoir détourné un camion d’armes. Le film mêlant action présente aux flash-back montre la vie de ce jeune couple où le militantisme est très présent malgré les peurs d’Hélène qui va finir par adopter la cause algérienne défendue par son mari et son beau-père. Dans ce parcours de Fernand Iveton, campé par Vincent Lacoste, les convictions cèdent la place à l’action armée après les funérailles de son ami Henri Maillot et va intégrer le Front de libération nationale (FLN). Fernand Iveton est arrêté après avoir déposé une bombe dans l’usine, où il était ouvrier et qui n’avait pas explosé. Le film restitue également le torture dont il a été victime et le simulacre de procès militaire qui a condamné Fernand Iveton à la peine de mort en une seule journée, en plus du bref combat contre la montre pour faire pression sur l’opinion publique et tenter d’obtenir la grâce auprès du Président français de l’époque René Coty, qui avait décidé d’en faire un «exemple». Cette œuvre restitue également la brève vie carcérale qu’il avait partagé avec ses compagnons de cellules avant les séquences intenses où Fernand Iveton est conduit à la guillotine sous les clameurs de «Tahia El Djazaïr», (vive l’Algérie) que lui-même entonnera, et les youyous stridents des femmes détenues à la prison de Serkadji (ex-Barberousse). Coproduit par l’Algérie, la France et la Belgique, ce film a également vu la participation des acteurs algériens Meriem Medjkane, Abdellah Besseghir, Mahdi Ramdani ou encore une apparition du réalisateur Hassan Ferhani. Le 11e Fica se poursuit jusqu’au 10 décembre avec encore au programme de la compétition Argu de Omar Belkacemi, Catwalk du Palestinien Ameen Nayfeh, Le parfait patient du Suédois Mikael Hafstrom, ou encore Nos frangins de Rachid Bouchareb.
M. Toumi /Ag.